Bilan environnemental des filières végétales

20 octobre 2004 - La rédaction 
L’utilisation de la biomasse, matière première renouvelable issue de l’agriculture et de la sylviculture, pour fabriquer des bioproduits semble a priori répondre aux nouvelles exigences de réduction de la consommation d’énergie et de l’émission de gaz à effet de serre. Pour autant, il convient de valider cette opinion et d’évaluer les impacts potentiels sur l’environnement de chacune des filières végétales à travers notamment les études d’Analyse de Cycle de Vie (ACV).

Le recours aux ressources agricoles et forestières pour la synthèse de bioproduits (chimie, énergie, matériaux) présente potentiellement d’importants avantages environnementaux. En effet, à l’inverse de leurs homologues fossiles, les matières et énergies renouvelables issues de la biomasse (agriculture, sylviculture) peuvent permettre de réduire la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre, ou encore de diminuer les impacts sur l’air, l’eau ou le sol. Leur utilisation préserverait les ressources fossiles et favoriserait la promotion des pratiques d’agriculture raisonnée. Cependant, les bilans environnementaux des différentes filières végétales peuvent fortement varier d’une filière à l’autre. Dès lors, il apparaît nécessaire de fiabiliser ces bilans avant de passer de la présomption à l’affirmation.

Parce qu’elle a en charge trois programmes en faveur du développement des filières végétales à vocation chimique et énergétique (AGRICE -Agriculture pour la Chimie et l’Energie- et les programmes Bois Energie et Bois Matériaux), l’ADEME (Agence gouvernementale de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) a souhaité dresser un état des connaissances environnementales des filières végétales au niveau international.

Conduite avec le concours de BG Ingénieurs-conseils et de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL), cette action s’est basée sur les études d’Analyse de Cycle de Vie (ACV) actuellement disponibles. L’ACV permet en effet d’évaluer les impacts potentiels sur l’environnement d’un système qui comprend l’ensemble des activités (flux de matières et d’énergie) associées à un produit ou un service, depuis l’extraction des matières premières jusqu’à l’élimination des déchets. En matière d’évaluation globale et multicritère des impacts environnementaux, puis de réalisation et d’interprétation d’un bilan quantifié, l’ACV est aujourd’hui l’outil le plus abouti.

L’inventaire, l’analyse, la critique et l’organisation de ce bilan a porté sur 10 filières végétales à vocation non alimentaire, réparties en deux groupes, selon le nombre d’études de type AC V publiées cf. Tableau 1.

Répartition des études de type ACV entre les différentes filières végétales étudiées

GROUPE 1

DOMAINES LES PLUS ÉTUDIÉS

GROUPE 2

DOMAINES PEU ÉTUDIÉS

Agromatériaux

Alcools éthers (biocarburants)

Huiles esters (biocarburants)

Biomasse forestière

Biomasse agricole

Biopolymères

Te n s i o a c t i f s

Lubrifiants et fluides hydrauliques

Solvants

Intermédiaires chimiques et autres

Objectifs et champs d’investigation

L’étude conduite doit fournir un outil d’aide à la décision pour l’ADEME, qui permettra une meilleure évaluation des gains environnementaux des différentes filières végétales concernées. Les auteurs de la présente étude se sont concentrés sur les questions et enjeux suivants :

– Quelle est la concordance des résultats des différentes ACV faites sur les filières végétales ?

– Est-il possible de mesurer les gains énergétiques et les potentiels de réduction des émissions de gaz à effet de serre lorsque l’on substitue aux produits conventionnels des bioproduits ?

– D’un point de vue environnemental, quels sont les paramètres clés pour la promotion d’une utilisation efficace de la biomasse ?

– Sur quelle base peut-on comparer l’impact environnemental et les gains énergétiques observés dans chaque filière ?

– Quelles sont les filières particulièrement intéressantes d’un point de vue environnemental ?

La première partie de l’étude vise à établir un état des connaissances ACV des filières végétales.
Il ne s’agit pas de fournir des données par filière, mais de dresser un inventaire global quantitatif, qualitatif et critique de l’ensemble des données disponibles.

La deuxième partie de l’étude s’attache à réaliser une comparaison inter-filières, en révélant le bénéfice des filières végétales par rapport à leurs homologues fossiles, dans les domaines de la consommation d’énergie non renouvelable et des émissions de gaz à effet de serre.

Enfin, la troisième et dernière partie de l’étude apporte des recommandations pour le développement des filières végétales. Elle propose également des pistes pour l’amélioration des connaissances AC V.

Les résultats de cette étude sont consultables sur :

www.ademe.fr/partenaires/agrice/publications/documents_francais/ACV_Synthese.pdf

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