Des jachères fleuries à Saint-Jean-d’Angély

20 août 2005 - La rédaction 
Dans un triple objectif d’enrichissement de la faune et de la flore, d’anticipation de la réglementation et d’ouverture vers le “grand public”, Christian Charles, producteur de grandes cultures à Saint Jean-d’Angély (17), travaille depuis plus d’un an sur la gestion agronomique et environnementale des jachères. Zoom sur cette démarche réalisée en partenariat avec la Fédération des chasseurs de Charente-Maritime.

“J’ai donné priorité à la réduction des risques de pollutions de l’eau en adaptant les pratiques de mon métier d’agriculteur et en aménageant mon exploitation : local spécialement conçu pour entreposer les produits de protection des plantes, mise aux normes des cuves de gazole et de fertilisants liquides », détaille Christian Charles, agriculteur membre du réseau de fermes Agéris(1). « Désormais, tout en prenant de l’avance sur la réglementation agricole européenne, j’ai décidé d’affirmer mon engagement en faveur de l’environnement. Pour cela, j’ai entrepris actions et réflexions sur la gestion judicieuse de mes jachères ”, ajoute l’exploitant. Il a partiellement opté pour des “jachères environnement faune sauvage”, implantées parmi ses 187 hectares de céréales (blé, orge, …) et d’oléoprotéagineux (tournesol, pois, colza, …). Avec la mise en place de jachères fleuries, Christian Charles cherche continuellement à tirer parti de la réglementation au bénéfice de l’environnement et du rapprochement avec les populations urbaines ou néo-rurales pour mieux faire connaître et comprendre l’agriculture. “Cette démarche correspond parfaitement à l’esprit d’innovation qui anime le réseau de fermes Agéris, renchérit Arnaud Camus, ingénieur développement filière grandes cultures de Syngenta Agro. Sur ces exploitations, nous testons la faisabilité technico-économique de nouvelles pratiques afin d’identifier dès aujourd’hui des éléments réponses aux problématiques de demain.”

Une vitrine des meilleurs végétaux pour les jachères

Depuis 2004, Christian Charles bénéficie de l’appui technique de Grégoire Bouton ingénieur agronome de la Fédération Départementale des Chasseurs (FDC17) pour définir le niveau d’adaptation de chaque type de couvert végétal – semé dans le cadre des jachères faune sauvage – à différentes situations et évaluer les impacts sur l’évolution de la faune (voir encadré). “Cette étude est d’autant plus intéressante que, contrairement aux sites remarquables situés dans les marais, la FDC17 ne dispose quasiment d’aucune référence sur la zone de plaine céréalière, pourtant largement représentée en Charente-Maritime”, précise Grégoire Bouton.
Cette année, plus d’une dizaine de mélanges d’espèces, soit une véritable “vitrine des différents couverts végétaux envisageables”, a été semée. Parmi les qualités les plus recherchées, la simplicité d’implantation et la rapidité de couverture du sol sont incontournables, car elles contribuent à la vitesse d’étouffement des mauvaises herbes et, par conséquent, au maintien de la propreté de la parcelle. “À mi-parcours de cette première année d’expérimentation où les conditions d’implantation printanières ont été sèches, les observations réalisées permettent d’affirmer que les mélanges à base de luzerne sont plus tolérants au manque d’eau que les mélanges trèfle/ray-grass”, note l’agriculteur. Selon les espèces et la période considérée, ces couverts peuvent jouer un rôle de réservoir alimentaire, de lieu de reproduction ou tout simplement de refuge pour la faune sauvage des plaines céréalières. Mais ces cultures à part entière s’intègrent également dans une logique de gestion agronomique des parcelles. “Le mélange fétuque/dactyle est reconnu pour son action sur l’amélioration de la qualité des eaux de surface, tandis que la luzerne associée au dactyle permet de rompre les cycles des maladies et ravageurs et de favoriser les insectes utiles”, indique Grégoire Bouton.

Jachères : dites-le avec des fleurs !

“Le grand malheur de nos activités respectives est de ne pas les avoir assez fait connaître à l’ensemble des citoyens”, déclarent en chœur Christian Charles et l’ingénieur de la Fédération des Chasseurs. Conscients du manque de communication de leur part, agriculteurs et chasseurs ne désespèrent pas pour autant et comptent bien rattraper leur retard. “Les jachères fleuries constituent une formidable opportunité pour illustrer les aménagements réalisés en faveur de la biodiversité et entamer un dialogue avec le grand public”. En Charente-Maritime, la diminution des prairies liée à la réduction de la proportion d’exploitations de polyculture-élevage, a simplifié les paysages. Ce contexte permet ainsi au grand public d’apprécier d’autant plus les espaces fleuris proposés par ces jachères d’un nouveau genre. “Pour nous, agriculteurs et chasseurs, implanter des jachères fleuries nous donne l’occasion de briser des préjugés en démontrant concrètement notre action positive sur l’environnement et la qualité des paysages”.

Fédération des Chasseurs : un partenaire de choix pour mesurer les progrès réalisés

En 2003, Syngenta Agro a passé une convention avec la Fédération Nationale des Chasseurs, afin de mettre la capacité d’expertise des Fédérations des chasseurs au service du réseau de fermes Agéris. À Saint Jean-d’Angély, un premier audit faunistique a été réalisé à l’automne 2004 avant la mise en place des jachères “environnement faune sauvage”. Le résultat est plutôt satisfaisant, “preuve que l’agriculture ne tue pas tout !”, s’amuse Grégoire Bouton. L’important cortège d’espèces identifié comporte même des espèces sensibles aux activités agricoles telles que l’oedicnème criard, la caille des blés, l’alouette des champs ou la perdrix rouge. Le recensement des oiseaux donne lieu au calcul d’indices ponctuels d’abondance, déterminés grâce à une série de 3 à 4 comptages par an, effectués sur un réseau de 5 points d’observation. Quant aux lièvres, ils sont dénombrés lors d’un balayage systématique au phare. L’audit faunistique annuel permettra d’évaluer l’impact des différents types de couverts végétaux testés.

Réseau de fermes Agéris

L’environnement et le rendement compatibles

Le Réseau Agéris, mis en place par la fabricant de produits de protection des plantes Syngenta, a pour objectif de montrer que rendement, qualité, respect de l’environnement sont des notions compatibles.
Il regroupe des exploitations qui s’engagent sur les principes d’une agriculture raisonnée et disposent d’une panoplie d’outils pour travailler dans l’esprit d’une agriculture durable.
Les exploitants de ce réseau respectent les bonnes pratiques agricoles, « raisonnent » la conduite des cultures, préservent l’environnement et le paysage rural, mesurent les résultats, commercialisent des productions certifiées et tracées et participent à l’éducation de la filière.

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