Des jachères pour favoriser la faune sauvage

20 août 2005 - La rédaction 
Protéger l’environnement, favoriser la biodiversité et respecter la faune sauvage, et ouvrir sa ferme au grand public : des devises que Xavier Mardelet suit depuis longtemps déjà. Visite guidée sur l’exploitation de ce céréalier d’Eure-et-Loir.

Les bonnes pratiques agricoles ? Xavier Mardelet les connaît : il ne cesse de les mettre en oeuvre sur son exploitation de 196 hectares située à Beauvilliers (28), au sud-est de Chartres. Les motivations de ce producteur de grandes cultures et de légumes de plein champ ? Le respect de l’environnement et la volonté de montrer que les agriculteurs travaillent de mieux en mieux.

En bordure de cette parcelle de blé, Xavier Mardelet a installé une bande de 12 m de large de jachère faune sauvage (maïs, sorgho, sarrasin) et une haie “basses tiges” de 5 m de large.

Pour la faune et la flore

Passionné de chasse, Xavier Mardelet a notamment orienté les aménagements de son exploitation en vue de protéger et de développer la faune sauvage. Aidé de l’Office national de la chasse, de la fédération des chasseurs et de l’association Hommes et Territoires(1), l’exploitant a installé 1,4 km de haies “basses tiges” et mis en place des points d’eau et « d’agrainage ». Ces installations sont destinées à créer des conditions favorables à l’hébergement et à l’alimentation des animaux sauvages. Comme tout agriculteur, il est tenu par la réglementation d’avoir une partie de ses surfaces en jachère, c’est-à-dire non destinées à la culture, mais devant toutefois faire l’objet d’un minimum d’entretien. Du coup, il a installé une partie de jachère semée avec des mélanges bénéfiques à la faune sauvage et une autre partie semée avec des fleurs, plus agréables pour le regard.

Des chevreuils aux abeilles

“Pourquoi considérer la jachère, qui nous est imposée, comme une contrainte ? Je préfère en profiter pour développer la faune et la flore sur mon exploitation, avoir ainsi le plaisir de croiser des chevreuils, perdrix, lièvres… et avoir la possibilité de donner une meilleure image de l’agriculture au grand public.”
Les résultats de ces aménagements ne se sont pas fait attendre. “L’évolution de la flore est difficile à voir, mais celle de la faune est flagrante : les comptages réalisés par la fédération de la chasse tous les printemps depuis dix ans révèlent une augmentation de 25 % des populations de perdrix grises et de près de 40 % de celles de lièvres. Les chevreuils de plaine se sont aussi multipliés : la fédération de la chasse a attribué, au groupement d’intérêt cynégétique de Beauvilliers, 14 bracelets cette année… contre zéro il y a cinq ans. Ceci montre bien que de simples petits aménagements comme les haies et la jachère faune sauvage ont un impact important. Il en va de même pour les jachères fleuries : 30 ares suffisent pour augmenter considérablement la ressource alimentaire des abeilles… et pour capter l’oeil des citadins ! “

Montrer pour convaincre

Xavier Mardelet ne se limite pas à réaliser des aménagements sur son exploitation : “L’impact sur la biodiversité et sur le grand public sera d’autant plus important que de nombreux agriculteurs joueront le jeu, explique-t-il. Et je sais que pour convaincre d’autres producteurs, il me faut leur montrer concrètement que ces aménagements sont simples à réaliser et n’enlèvent rien à la rentabilité de mon exploitation, d’autant que des aides existent ». Raison pour laquelle Xavier Mardelet multiplie les journées de visite sur sa ferme. Celle-ci sert entre autres de vitrine pour l’association Hommes et Territoires(1) qui va bientôt prendre une dimension régionale.

La salle aménagée dans le cadre du réseau Agéris (voir encadré) permet par ailleurs de recevoir des groupes conséquents de producteurs et d’étudiants et de divulguer ainsi, avec les spécialistes du fabricant de produits de protection des plantes Syngenta Agro, l’ensemble des bonnes pratiques agricoles. “Avec la nouvelle orientation de la Pac (Politique agricole commune), les producteurs sont de plus en plus sensibilisés, remarque Xavier Mardelet. Les jeunes qui s’installent savent qu’ils doivent avancer avec le nouveau contexte.”

Changer l’image de l’agriculture

Xavier Mardelet ne reçoit pas que des agriculteurs : “l’exploitation sert également de vitrine pour faire passer des messages aux politiques, explique-t-il. Nous avons par exemple eu la visite du ministre de l’Écologie et de ses directeurs de cabinet et avons ainsi pu leur prouver que des exploitations céréalières beauceronnes peuvent associer rentabilité et protection de l’environnement.”
Pour l’exploitant, toutes les occasions sont bonnes de faire parler du travail des agriculteurs consciencieux produisant de la qualité et tenant compte de la biodiversité et du paysage. “Il faut redonner confiance au consommateur et citoyen, et l’exploitation est un outil formidable : après chaque visite, les gens repartent avec d’autres idées, d’autres visions de l’agriculture.” Xavier Mardelet ne refuse aucune visite : lycéens, Rotary Club, Association des amis de la forêt de Rambouillet, dirigeants d’enseignes de grande distribution… “L’association du Pays de Beauce souhaiterait même organiser, pour la prochaine moisson, une journée de découverte pour les citadins : une vingtaine de personnes passerait chacune une heure sur la moissonneuse-batteuse.”
Autre prochain projet : la réalisation, avec Syngenta Agro, d’un parcours pédagogique autour de l’exploitation, avec la réalisation de panneaux expliquant ce qu’est la biodiversité, le rôle des haies…

(1) Hommes et Territoires est une association régionale, agréée au titre de la protection de l’environnement, qui cherche à contribuer au développement durable de l’agriculture et des territoires. Elle regroupe des agriculteurs et des organismes partenaires : Chambres d’agriculture, Office national de la chasse et de la faune sauvage, Fédérations de chasseurs, Agences de l’eau, association de naturalistes, collectivités locales et territoriales

Réseau Agéris

L’environnement et le rendement compatibles

Le Réseau Agéris, mis en place par Syngenta, a pour objectif de montrer que rendement, qualité, respect de l’environnement sont des notions compatibles.
Il regroupe des exploitations qui s’engagent sur les principes d’une agriculture raisonnée et disposent d’une panoplie d’outils pour travailler dans l’esprit d’une agriculture durable.
Les exploitants de ce réseau respectent les bonnes pratiques agricoles, « raisonnent » la conduite des cultures, préservent l’environnement et le paysage rural, mesurent les résultats, commercialisent des productions certifiées et tracées et participent à l’éducation de la filière.

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