Fertiliser intelligemment

20 novembre 2005 - La rédaction 
L’analyse de terre semble conjuguer tous les avantages agronomique, économique et environnemental. Pourtant sa pratique stagne. Il est temps de redynamiser son usage.

 

“L’analyse de terre est un levier essentiel pour le développement durable de l’agriculture, a déclaré Pierre Duc, directeur général du Ceraaf (1) lors des 7es rencontres de la fertilisation raisonnée et de l’analyse de terre, organisées à Blois (41) par le Comifer et le Gemas (2) le 15 novembre 2005. L’analyse de fertilité permet de connaître les réserves du sol et d’adapter au mieux les doses et la nature des fertilisants à apporter. Ce raisonnement devrait être l’apanage de tous les agriculteurs. Il arrive aussi que certains techniciens en culture aient peur de ne plus vendre d’engrais au vu des résultats de l’analyse alors qu’il s’agit de mieux vendre.” Pierre Duc n’y va donc pas par quatre chemins pour inciter à ce qu’il appelle le “marketing des analyses de sols”.

Carences préjudiciables

“Le prélèvement des échantillons de terre (ici démonstration à la coopérative agricole Coopagri Bretagne) doit être particulièrement soigné pour qu’il soit représentatif de la parcelle à analyser.”

Avant toute décision d’apport d’éléments fertilisants, il convient de connaître en premier la richesse du sol. C’est le rôle de l’analyse de terre. Il se prélève environ 250 000 à 300 000 échantillons de terre par an, chiffre qui n’a pas beaucoup évolué ces dernières années !
Pourtant, un excès de fertilisation coûte cher à l’environnement et au budget de l’agriculteur. Mais l’inverse est aussi vrai : les carences sont fréquentes en phosphore et potassium et de nombreux sols présentent des taux d’acidité élevés, signe de manque d’apports d’amendements basiques. Les carences entraînent toute une chaîne de conséquences : déstructuration des sols, baisse de la vie microbienne, mauvais développement des plantes qui n’exploiteront pas au mieux les autres éléments nutritifs et donc migration de ces éléments vers la nappe phréatique.
“Sur notre secteur des pays de Loire et du Poitou, témoigne Laurent Varvoux, responsable fertilisation à la coopérative agricole Terrena, la fréquence des impasses sur blé tendre (soit le fait de ne pas fertiliser) a été multipliée par trois pour la potasse et les engrais phosphorés ! Simultanément, les apports réalisés sur cette culture ont diminué de 40 unités en potasse et de 15 unités en phosphore. Les bilans minéraux entrée-sortie ne sont plus équilibrés. D’où l’importance de convaincre les agriculteurs de l’intérêt des analyses de sol.”

Valoriser l’analyse

Laurent Varvoux va donc dans le sens de Pierre Duc qui insiste pour promouvoir les analyses de terre auprès des agriculteurs : “les distributeurs communiquent peu sur les avantages des analyses de terre, déplore ce dernier qui ajoute : les forces de vente ont également besoin d’être motivées. L’intérêt, et donc le statut des analyses de terre, doit être revalorisé dans l’esprit des vendeurs mais aussi auprès des responsables marketing des distributeurs. Des formations au marketing des analyses de terre doivent être mises en place. Il est impératif de redonner du sens à cet outil.”

(1) Ceraaf : Centre de recherches et d’analyses agro-alimentaire Franciade.

(2) Comifer : Comité français d’étude et de développement de la fertilisation raisonnée.

(3) Gemas : Groupe d’études méthodologiques pour l’analyse des sols.

Des analyses à tous niveaux

Différents éléments se trouvent dans le sol, favorables ou non à la croissance de la plante ou à l’environnement. D’où différents types d’analyse pour les évaluer :

• L’analyse de terre, dite de fertilité, permet de mieux connaître les réserves du sol en éléments fertilisants (azote, phosphore, potassium) et d’adapter les doses et la nature des engrais.

• Les outils “de pilotage” permettent d’apprécier les réserves du sol en azote et sont assortis d’analyse de la sève des plantes pour connaître le niveau de leur alimentation.

• Les éléments traces métalliques (ETM) que sont les métaux comme le plomb, le cadmium ou le mercure sont analysés pour évaluer le risque de toxicité.

 

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