Un vin produit en célébrant la paresse efficace

26 juin 2018 - Thomas Turini 
Situé à un kilomètre et demi du Pont du Gard, près de Nîmes, le Domaine de Poulvarel, affiche le label Haute valeur environnementale. Installé depuis bientôt quinze ans sur les terres familiales, Pascal Glas ne veut pas « forcer les choses » : minimum d’interventions en saison, macération carbonique, peu d’assemblage. Sa recette : une bonne anticipation.

Le vigneron Pascal Glas, propriétaire-récoltant au Domaine de Poulvarel, à Sernhac dans le Gard, se définit comme un « paresseux » et « un minimaliste des interventions ». « Tout le travail du vigneron se concentre en amont, lors de l’adaptation du matériel végétal au sol et au sous-sol de ses parcelles, au microclimat et au type de vin voulu », complète-t-il. Une philosophie qui porte ses fruits puisqu’en un peu plus de dix ans, Pascal a ouvert sa cave particulière sur les terres familiales, conduit ses vins dans le peloton de tête de l’appellation d’origine contrôlée (AOC) Costières de Nîmes, développé l’export pour asseoir la rentabilité de l’exploitation, et obtenu le label Haute valeur environnementale (HVE) pour l’ensemble du domaine.

L’indispensable connaissance du sol et du sous-sol

« L’AOC Costières de Nîmes traîne une mauvaise réputation en France comme à l’international, concède le propriétaire-récoltant. Mais le syndicat travaille à segmenter les productions pour monter en gamme, en se fondant notamment sur la géologie du territoire : au nord les vignobles Rhodaniens, au sud les Duranciens. » Car s’il y a bien un point sur lequel insiste Pascal Glas, c’est la connaissance de son terrain, c’est-à-dire du sol et du sous-sol des parcelles. Un prérequis indispensable pour optimiser la production.

Pascal Glas, vigneron, s’appuie sur la qualité du sol de ses parcelles pour réaliser une viticulture de qualité.

« Quand nous avons repris le domaine familial avec ma femme en 2004, nous avons arraché toutes les vignes pour repartir de zéro, raconte-t-il. Notre objectif était de passer d’une viticulture de masse à une viticulture de qualité. Le matériel végétal a été choisi en fonction de cette vision et des terrains : quand j’observe deux sols différents sur une même parcelle, je sélectionne deux porte-greffes et deux greffons. »

Quatre à cinq traitements par an

Ce minutieux travail de préparation, entrepris il y a plus de dix ans, assure aujourd’hui au vigneron un service minimum. « Je réalise entre quatre et cinq traitements phytosanitaires par an, fongicides et herbicides uniquement, détaille le vigneron. Les parcelles sont fertilisées une fois tous les trois à quatre ans, avec du fumier, des sarments broyés et un peu de silice pour dynamiser les sols. » Pascal Glas reconnaît tout de même un avantage climatique : « Huit jours de Mistral permettent d’éviter un traitement phytosanitaire ! »

Plutôt proche de l’agriculture biologique dans l’esprit, Pascal n’en reste pas moins pragmatique et lucide dans la pratique, car il travaille seul sur le domaine et continue de rembourser le prêt souscrit pour moderniser la cave en 2004. « Un désherbage mécanique du rang m’oblige à investir plus de 100 000 euros. C’est impossible du fait des échéances bancaires pour la cave », explique-t-il. Pour les maladies, les traitements ciblent l’encadrement de la floraison, qui est le stade le plus sensible.

Millésimes stables

Pour les vendanges, Pascal Glas adapte la même philosophie. « Je réalise une vinification de paresseux. Comme je suis contraint de vendanger un tiers des parcelles à la main, car ce sont des vieilles vignes qui ne sont pas préparées à la mécanisation, je place les raisins entiers dans la cuve. Ensuite je sature en gaz carbonique et chauffe pour réaliser une macération carbonique. Cela m’évite de nombreuses interventions ! »

Une technique pensée surtout pour permettre au vigneron de gérer seul la vinification des vingt cuves du domaine. Mais même sur la phase d’assemblage, pour constituer les millésimes, Pascal continue d’économiser ses actions : « Depuis quinze années, je produis 1 600 hectolitres par campagne, sans aucun effet de variation de production, que ce soit sur le plan qualitatif ou quantitatif. C’est très confortable car cela m’évite tout le travail d’assemblage nécessaire pour retrouver l’esprit d’une cuvée. »

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