Gilets jaunes et coquelicots rouges

15 novembre 2018 - La rédaction 

Le « mouvement des gilets jaunes » emporte une forte adhésion sur les réseaux sociaux – en attendant la mobilisation « concrète » du 17 novembre. Pour les automobilistes mécontents, la hausse des taxes sur les carburants est un moyen de les faire renoncer à l’automobile, ce qui est pour certains impossible, pour d’autres un vecteur d’inconfort, de pertes de temps ou d’argent. Plusieurs éléments, dans cette posture, renvoient à celle… des agriculteurs, à qui il est demandé d’en finir avec les pesticides.

Jacline Mouraud, l’une des égéries des automobilistes en colère, regrette que la surtaxe des carburants vienne s’ajouter à une somme d’autres contraintes (nouveau contrôle technique, prolifération des radars, péage à l’entrée des grandes villes…). Dans une vidéo visionnée six millions de fois, elle parle d’une « traque à l’automobiliste ». Un sentiment familier pour le secteur agricole qui déplore depuis plusieurs années l’épaississement du « mille-feuille réglementaire » et la naissance d’un « agri-bashing » médiatique.

Pas (assez) d’alternatives

« Il est tout à fait honorable que nous cherchions des solutions pour circuler en polluant le moins possible notre environnement », affirme Priscillia Ludosky, l’auteure d’une pétition exprimant la contestation des automobilistes. Les agriculteurs partagent ces intentions : ils souhaiteraient évidemment se passer des pesticides, et ne demandent qu’à changer leurs habitudes. Sauf que… Priscillia Ludosky déplore « le manque d’alternatives » laissé aux automobilistes. Un argument maintes fois répété par les agriculteurs au sujet des pesticides. De fait, l’automobiliste réclame un accompagnement. Une série de mesures à instaurer avant l’augmentation du carburant : financer la recherche de biocarburants, réguler les prix des véhicules hybrides ou électriques pour les rendre plus accessibles, faciliter le télétravail…

Les agriculteurs aimeraient avoir les mêmes égards, avant d’être privés de produits dont dépendent en partie leur revenu : une accélération sur les solutions de biocontrôle,  sur le progrès génétique, des innovations plus abordables (robotique, outils d’aides à la décision…), des soutiens pour leur prise de risque, des prix justes pour leurs produits issus de pratiques agroécologiques, ou de circuits-courts,  afin de pérenniser leur activité et faciliter les changements de modèles… Changements de modèles auxquels ils adhérent, sous la bannière de l’agroécologie, de la certification Haute valeur environnementale ou autres démarches de qualité certifiée, mais pour lesquels ils ont besoin de temps, de plus de soutien et d’accompagnement.

« Mettez-vous à notre place »

Les similitudes se retrouvent jusque dans l’opposition des « modes de vies » que supposent les deux causes. Pour certains automobilistes, la surtaxe des carburants est une mesure dictée depuis des métropoles dotées de transports en communs, de taxi ou de VTC, symboles d’une tendance « start-up » bien éloignée de la réalité des territoires. Pour beaucoup d’agriculteurs, la chasse aux pesticides procède d’un élan similaire, dicté par des militants « bobos » déconnectés de toute notion agronomique. « Mettez-vous à notre place », semblent scander en chœur agriculteurs et automobilistes.

Entre les uns, sommés d’arrêter  les pesticides, et les autres, que l’on veut inciter à moins rouler, tout n’est certes pas comparable. Mais les situations, mises en parallèle, rappellent que tout changement de rupture pose un certain nombre de questions, de problèmes. Une réalité à méditer pour ceux qui auraient exposé leur gilet jaune sur le tableau de bord de leur voiture, après avoir récemment signé le manifeste des coquelicots.

8 commentaires sur “Gilets jaunes et coquelicots rouges

    1. Les automobilistes ont une alternative: la voiture électrique, l’état doit aller au bout de ses actes en interdisant les diesels et plus il y aura de véhicules électriques produits, moins ils seront couteux. Mais ils ne s’attaquera pas à l’industrie automobile!

      Pour les agris, le jour ou le bio sera la référence et ne sera plus un produit de niche, il deviendra au prix du conventionnel et se sera la fin de l’agriculteur bio et de mon producteur local

      en tant que consommateur n’oublions pas de nos actes d’achats sont déconnectés de nos dires!

    2. Bonjour, et merci de votre contribution.

      Le bio fait évidemment partie de la solution ! Ils serait bon que les agriculteurs produisaient en bio… mais !

      Le bio utilise bien des pesticides, même s’ils ne sont pas « de synthèse ». Ce lien montre que toutes les solutions bio ne sont pas sans impact sur le milieu : https://ca.terreecos.mws-lab.fr/vraifaux/lagriculture-bio-pourra-t-elle-continuer-a-utiliser-du-cuivre-contre-les-maladies/

      La filière bio défend le cuivre (utilisé comme fongicide) avec des arguments en partie voisins de ceux des filières conventionnelles lorsqu’elles évoquent les pesticides de synthèse. À savoir : les alternatives font défaut, s’en priver coûterait très cher aux agriculteurs… Si l’Europe limite les doses de cuivre autorisées, le bio ne serait plus rentable dans bien des cas, selon la Fédération nationale d’agriculture biologique.

      Enfin, rappelons que pour certaines cultures (la plus fameuse étant le colza), le mode de production bio n’est que rarement rentable, faute de solutions « alternatives » efficaces pour protéger les plantes, là aussi.

      On peut toujours dire « faites du bio », ou « arrêtez de faire du colza ». C’est une injonction qui n’est pas si facilement applicable au cas par cas : certains le peuvent (ou le font déjà), d’autres ont des contraintes qui rendent les choses plus compliquées (climat, richesse des sols, présence locale de maladie, ravageurs, mauvaises herbes, etc.). Tout comme l’injonction « travaillez à domicile », « prenez les transports en commun » ou « roulez électrique » sera parfois jouable, parfois impossible.

      C’est ce « cas par cas » qui complique les grands changements de rupture « globaux », et c’est ce que nous essayons d’illustrer avec le parallèle carburant/pesticide.

    1. Les automobilistes ont une alternative: la voiture électrique, l’état doit aller au bout de ses actes en interdisant les diesels et plus il y aura de véhicules électriques produits, moins ils seront couteux. Mais ils ne s’attaquera pas à l’industrie automobile!

      Pour les agris, le jour ou le bio sera la référence et ne sera plus un produit de niche, il deviendra au prix du conventionnel et se sera la fin de l’agriculteur bio et de mon producteur local

      en tant que consommateur n’oublions pas de nos actes d’achats sont déconnectés de nos dires!

    2. Bonjour, et merci de votre contribution.

      Le bio fait évidemment partie de la solution ! Ils serait bon que les agriculteurs produisaient en bio… mais !

      Le bio utilise bien des pesticides, même s’ils ne sont pas « de synthèse ». Ce lien montre que toutes les solutions bio ne sont pas sans impact sur le milieu : https://ca.terreecos.mws-lab.fr/vraifaux/lagriculture-bio-pourra-t-elle-continuer-a-utiliser-du-cuivre-contre-les-maladies/

      La filière bio défend le cuivre (utilisé comme fongicide) avec des arguments en partie voisins de ceux des filières conventionnelles lorsqu’elles évoquent les pesticides de synthèse. À savoir : les alternatives font défaut, s’en priver coûterait très cher aux agriculteurs… Si l’Europe limite les doses de cuivre autorisées, le bio ne serait plus rentable dans bien des cas, selon la Fédération nationale d’agriculture biologique.

      Enfin, rappelons que pour certaines cultures (la plus fameuse étant le colza), le mode de production bio n’est que rarement rentable, faute de solutions « alternatives » efficaces pour protéger les plantes, là aussi.

      On peut toujours dire « faites du bio », ou « arrêtez de faire du colza ». C’est une injonction qui n’est pas si facilement applicable au cas par cas : certains le peuvent (ou le font déjà), d’autres ont des contraintes qui rendent les choses plus compliquées (climat, richesse des sols, présence locale de maladie, ravageurs, mauvaises herbes, etc.). Tout comme l’injonction « travaillez à domicile », « prenez les transports en commun » ou « roulez électrique » sera parfois jouable, parfois impossible.

      C’est ce « cas par cas » qui complique les grands changements de rupture « globaux », et c’est ce que nous essayons d’illustrer avec le parallèle carburant/pesticide.

  1. Il faut que les collectivités aident le développement des circuits courts de l’agriculture et de l’alimentation bio.Chaque commune devrait développer avec les citoyens des maisons de produits bio et locaux .Ainsi on peut à la fois interdire les pesticides et diminuer les transports de nourriture et on utilise moins de carburant . C’est ça le développement durable , être épicurien et être écologiste c’est la santé et la protection du climat ;
    Manger des produits frais notamment plus de fruits et légumes bio locaux et de saison , c’est essentiel pour tous (PNNS).
    Les pesticides et les rejets polluants des carburants peuvent être évités si on redéveloppe partout sur la planète les circuits courts de l’alimentation bio
    Et oui l’écologie ça dessert les vendeurs de pesticides et de pétrole , mais cela sauve la biodiversité et le climat.C’est la solution pour nos enfants et les génèrations futures .

  2. Il faut que les collectivités aident le développement des circuits courts de l’agriculture et de l’alimentation bio.Chaque commune devrait développer avec les citoyens des maisons de produits bio et locaux .Ainsi on peut à la fois interdire les pesticides et diminuer les transports de nourriture et on utilise moins de carburant . C’est ça le développement durable , être épicurien et être écologiste c’est la santé et la protection du climat ;
    Manger des produits frais notamment plus de fruits et légumes bio locaux et de saison , c’est essentiel pour tous (PNNS).
    Les pesticides et les rejets polluants des carburants peuvent être évités si on redéveloppe partout sur la planète les circuits courts de l’alimentation bio
    Et oui l’écologie ça dessert les vendeurs de pesticides et de pétrole , mais cela sauve la biodiversité et le climat.C’est la solution pour nos enfants et les génèrations futures .

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