Inondations : l’Académie d’agriculture répond aux polémiques sur les pratiques agricoles

13 février 2018 - Eloi Pailloux 

Capture d’écran du reportage de France 2, le 25 janvier.

Les eaux commencent à se retirer, et avec elles, les polémiques qui ont agité les semaines de crues sur janvier et février 2018. Alors que les pratiques agricoles ont été pointées du doigt par certains médias, voire certains politiques, l’Académie d’agriculture de France (AAF) apporte son éclairage. Dans une analyse datée du 8 février, l’académicien Guillaume Benoit propose une synthèse des réflexions de l’AAF sur ce sujet.

L’urbanisation, premier facteur d’aggravation

« L’aggravation des problèmes vient […] de la vulnérabilité, résultant du développement continu de l’urbanisation dans des zones inondables autrefois à vocation essentiellement agricole. Les chiffres sont éloquents. De 1984 à 2004, la France a perdu en moyenne de 40 000 à 100 000 ha de terres agricoles chaque année alors que les espaces dits « naturels » n’ont enregistré aucune perte nette. Aujourd’hui en Île-de-France, plus de 90 % des zones inondables sont urbanisées. »

Pratiques agricoles : changement en cours et effet marginal

« Il est vrai qu’un sol qui s’enrichit en matière organique gagne en porosité, en capacité de rétention en eau et en résistance au compactage. Le non labour, la restitution des pailles et la présence de plantes de couverture améliorent la vie biologique. Ces pratiques ne cessent de progresser en France. […] Pour autant, le développement souhaitable et bien engagé de ces différentes pratiques ne peut en aucun cas régler le problème des grandes inondations. Nous restons donc bien dans ces domaines dans l’épaisseur du trait. »

Ne pas faire de l’agriculteur un bouc émissaire

« Les agriculteurs peuvent rendre d’importants services environnementaux en œuvrant à la préservation des terres et en acceptant de noyer volontairement certains champs afin de réduire en aval les impacts des inondations sur les populations urbaines. »

« Depuis la nuit des temps, face à des problèmes rares et gênants, la solution toute trouvée, dans toutes les civilisations, a été de désigner et de chasser des « boucs émissaires ». Aujourd’hui, pour une certaine société, l’agriculture est devenue l’activité responsable de tous nos maux. C’est bien commode pour se dédouaner des compromissions, d’un urbanisme anarchique et de la perte de mémoire concernant les événements passés, mais cela n’est ni juste ni pertinent. »

Lire le texte entier sur le site de l’Académie : Inondations, agriculture et société : le besoin d’une parole juste

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