La beauté des fermes récompensée

20 novembre 2005 - La rédaction 
Pour aller encore plus loin dans la mise en avant des exploitations qui agissent en faveur de l’environnement, la Chambre d’agriculture et le Conseil général de Vendée ont créé le label vert. Objectif : récompenser, via l’attribution de “feuilles”, les agriculteurs qui savent embellir leur ferme et leurs bâtiments. Visite au Gaec de la Jaunière qui a obtenu quatre feuilles.

“Nous avons toujours pris soin de notre cadre de vie, explique Marie-Thérèse Cantet, installée en Gaec (1) avec son fils à La Jonchère, en Vendée. Notre maison, nos bâtiments constituent notre lieu de travail. Évoluer sur une exploitation propre, agréable à regarder nous a, depuis

Le Gaec de Marie-Thérèse et Philippe Cantet est la seule exploitation à posséder quatre “feuilles” du label vert.

toujours, semblé une évidence. Avec mon mari, qui a pris sa retraite il y a cinq ans, entretenir et embellir notre environnement a été dès nos débuts une priorité.” La passion de Marie-Thérèse pour les fleurs se devine dès que l’on aperçoit la maison. Le penchant de son mari et de son fils pour le bricolage se comprend lorsqu’ils nous font visiter l’exploitation. En mai dernier, ce travail du quotidien a été récompensé par une quatrième feuille label vert. “Nous avions obtenu les trois premières feuilles en 2000, peu de temps après le lancement de ce label dans le département, se souvient Philippe, le fils. Quand nous avons entendu parler de cette démarche, nous nous sommes dits : pourquoi pas nous ?” L’idée de récompenser une gestion globale de l’exploitation en matière d’environnement les a séduits. “Le fait que le concept relève d’un engagement volontaire et sans contrepartie financière a également influencé notre choix, ajoute Philippe. En regardant d’un peu plus près les exigences du label, nous nous sommes vite aperçus que nous répondions déjà à la majorité d’entre elles”.

Zoom sur l’exploitation

Le Gaec de la Jaunière se situe à la Jonchère, un village vendéen de 365 habitants implanté à une dizaine de kilomètres de la mer. Il a été créé le 1er janvier 1989 initialement entre Michel et son fils Philippe. Marie-Thérèse les a rejoints quelque temps après. Aujourd’hui, c’est Marie-Thérèse et Philippe qui gèrent les 117 ha de cultures (blé dur et blé tendre sous contrat, tournesol, prairies et maïs ensilage), les 335 000 hl de lait de quota et les 40 génisses destinées au renouvellement.

Des haies sur un kilomètre

Dès leur installation en 1965, Michel et Marie-Thérèse Cantet ont sans cesse cherché à améliorer leur environnement et leurs conditions de travail. “De tout temps, et par tous les temps, l’obsession de mon mari était de pouvoir circuler en chaussures sur l’exploitation, raconte Marie-Thérèse. L’un de ses premiers chantiers fut donc de cimenter l’allée qui conduit à la salle de traite pour rendre son accès et son nettoyage plus faciles. Et puis, en 1975, nous avons fait le choix de planter des haies ce qui nous a valu, à l’époque, pas mal de remarques et commentaires en tout genre.” Au fil des années, près d’un kilomètre de haies a été planté : le long des chemins, autour de la fosse à lisier pour en cacher la vue, en bordure de parcelles… Au fur et à mesure de leur restauration, les bâtiments sont habillés de bois, beaucoup plus esthétique que les tôles colorées. La fumière a également été couverte pour limiter les odeurs. Et pour demain ? “Les projets ne manquent pas, poursuit Philippe. À commencer par la création d’un « vrai » local phytosanitaire que je suis en train d’aménager dans un ancien hangar. Le fait d’être bricoleur aide beaucoup car si nous avions dû, à chaque fois, faire appel à des artisans pour réaliser les travaux, cela nous serait revenu beaucoup trop cher.” C’est l’ensemble de ces aménagements qui a séduit les représentants de la Commission d’évaluation(2). “Pour eux, tous les petits détails comptent, insiste Marie-Thérèse. Ils m’ont ainsi confié avoir apprécié la plantation de vivaces et d’arbustes dans les massifs de fleurs : beaucoup plus naturels et moins gourmands en eau que les géraniums par exemple.”

Une image pour les touristes

L’idée du label vert est aussi de valoriser, auprès du grand public, les exploitations qui agissent pour l’environnement. “Notre ferme est traversée par un chemin de grande randonnée, souligne Philippe. Tout au long de l’année, et encore plus durant l’été, les groupes de marcheurs se succèdent. Certains s’arrêtent devant le panneau « label vert », viennent nous voir pour en savoir plus. C’est un réel plaisir de leur faire visiter l’exploitation. Mais nous nous apercevons qu’il reste encore un gros travail de communication auprès du grand public.” Le métier d’agriculteur a évolué comme d’autres professions d’ailleurs. Beaucoup de personnes ont encore l’image de l’agriculture des années 50, déplore Philippe qui ajoute : “ou à l’inverse, ils possèdent une vision très industrielle de notre activité, alimentée par la vision de gros tracteurs, par du matériel énorme. Ils ne se rendent pas compte que nous en avons réellement besoin”.Dans la commune, l’arrivée du label vert au Gaec de la Jaunière a fait des émules. Sur les huit agriculteurs installés à La Jonchère, trois possèdent déjà le label et un autre est entré dans la démarche. Une nouvelle image de leur village qu’ils apprécient de faire découvrir aux touristes.

(1) Gaec : Groupement agricole d’exploitation en commun

(2) La commission d’évaluation est composée de représentants de la Chambre d’agriculture, du Conseil général et du Comité d’architecture, d’urbanisme et d’environnement (CAUE).

Label vert mode d’emploi

• Le Label vert est une démarche volontaire, sans contrepartie financière. Pour y adhérer, il convient de respecter quatre grandes lignes : la réglementation (documents d’urbanisme, procédure d’installation classée, le PMPOA (Programme de maîtrise des pollutions d’origine agricole )…), les bonnes pratiques d’élevage (contrôle des effluents…), les bonnes pratiques agricoles (enregistrement des interventions, gestion des produits phytosanitaires, de la fertilisation…) et l’amélioration du cadre de vie (embellissement du siège de l’exploitation, intégration paysagère, plantation de haies…).

• Il suffit de retirer un dossier de candidature à la Chambre d’agriculture. S’en suivent alors une prévisite de l’exploitation (réalisée par les techniciens de la Chambre et du Conseil général) et une visite de la délégation cantonale. C’est elle qui délivre la préqualification. À charge ensuite pour le Comité départemental de statuer sur la qualification de l’exploitation en attribuant un nombre de feuilles : de 0 à 4.

Fin octobre, 156 exploitations possédaient le label vert. Mais d’ici à la fin de l’année, ce chiffre devrait passer à 200. Une quinzaine de fermes détient 3 feuilles et à ce jour, seul le Gaec de la Jaunière en possède 4.

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