Le bocage empêche l’érosion et stocke du carbone

1 avril 2004 - La rédaction 
Le bocage, ancien paysage rural structuré par des réseaux de haies, occupe une place essentielle tant au niveau du patrimoine que du point de vue écologique et environnemental. Des chercheurs de l’INRA(1), en collaboration avec Agro-Campus Rennes, ont montré l’importance du bocage sur le maintien des sols(2) et dans le stockage de carbone. Dans un contexte de développement de l’agriculture durable et de lutte contre le changement climatique, le bocage, paysage traditionnel, semble avoir de l’avenir.

En Bretagne, le bocage occuperait encore, selon des estimations optimistes, 251 000 km, soit plus de 6 fois le tour de la Terre. Son rôle patrimonial est manifeste. Afin de comprendre plus précisément l’influence du bocage sur l’organisation du sol et sur le carbone organique qu’il contient, les chercheurs de l’INRA1 se sont penchés sur 7 sites bocagers du Massif armoricain, en comparant les situations en amont de la haie, à son niveau et en aval, les haies étant situés sur une levée de terre, le talus.

Le bocage, ici dans le Finistère, empêche l’érosion du sol et stocke du carbone.

Le bocage exerce une action anti-érosive

La couche de sol organo-minéral, également appelée horizon A, s’épaissit régulièrement depuis l’amont jusqu’à la haie, lorsque celle-ci est située perpendiculairement à la pente : de 30-60 cm, l’épaisseur de l’horizon A peut atteindre 1 m sous la haie. Au-delà, en aval, cette épaisseur diminue sensiblement (moins de 30 cm). La haie empêche donc l’érosion du sol, par un effet mécanique de blocage des particules.

La haie stocke du carbone dans le sol et dans sa propre végétation

En amont de la haie, le contenu en carbone organique du sol est relativement uniforme, de 15 g par kg de terre dans l’horizon A et de 5 g par kg de terre en-dessous. Sous la haie, ce contenu est beaucoup plus important. Dans les 10 premiers centimètres, la quantité de carbone atteint une valeur significative de 40 g par kg de terre. Elle diminue avec la profondeur, avec cependant, à partir de 30 cm, des valeurs deux à trois fois plus élevées sous la haie qu’en amont. L’horizon A, plus épais sous la haie qu’en amont, est également plus riche en carbone. Ce stockage est dû à l’activité des arbres qui composent la haie et à l’accumulation de litière.
Rappelons que la haie stocke également du carbone dans sa végétation propre, en particulier dans le bois des arbres qui la constitue.
Pour une densité de 50 m de haies par ha, ce qui correspond à peu près à celle observée en Bretagne, le stock total en carbone organique contenu dans le sol représente 84 tonnes par ha3. 13% de ce carbone organique est stocké au niveau des haies, alors qu’elles représentent moins de 5% de la superficie totale étudiée.

1 Unité mixte de recherches INRA-Agrocampus Rennes « Sol – spatialisation – agronomie », département Environnement et agronomie et département Physiologie animale et systèmes d’élevage, centre INRA de Rennes.
2 B. Layer, C. Walter, P. Mérot « The effects of hedgerows on soil organic carbon storage in hillslopes » in Soil use and management, 2003, 19, 201-207.
3 Sur 30 cm, le sol représente une masse comprise entre 3500 et 4500 t par hectare, selon sa densité.

Pour en savoir plus : « Stocker du carbone dans les sols agricoles en France ? » Synthèse du rapport d’expertise scientifique collective réalisée par l’INRA à la demande du Ministère de l’écologie et du développement durable – Octobre 2002. Consultable sur notre site à l’adresse suivante:
http://www.inra.fr/actualites/rapport-carbone/synthese-francais.pdf

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