Le Giec en appelle à « une transition sans précédent » pour contenir le réchauffement climatique

9 octobre 2018 - Eloi Pailloux 
Dans un rapport spécial, publié le 8 octobre, le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) insiste sur l'urgence de contenir la hausse des températures à 1,5 °C. Les conséquences d'un tel réchauffement seraient nettement moins lourdes que dans une trajectoire à 2 °C. Un rapport centré sur le rôle des terres et de l'agriculture est prévu pour août 2019.

Le changement climatique a des impacts directs sur l’agriculture, mais aussi indirects, via la destruction d’écosystèmes assurant des services aux cultures.

Il est des sujets où l’infime peut tout faire basculer. Le rapport, très attendu, du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) en est le parfait exemple. Entre un réchauffement à 1,5 °C et 2 °C d’ici à 2100, les conséquences, déjà importantes, du réchauffement climatique, seraient démultipliées. « Limiter le réchauffement climatique à 1,5 ° C par rapport à 2 ° C devrait permettre de réduire les impacts sur les écosystèmes terrestres, d’eau douce et côtiers et de conserver davantage de services rendus à l’homme », détaille ainsi le rapport.

Ainsi, en termes de biodiversité, un réchauffement à 1,5°C entraînerait la perte de plus de la moitié de l’habitat naturel pour 6 % des insectes (contre 18 % à 2°C), et pour 8 % des plantes (contre 16 % à 2°C).

Diminuer les émissions de carbone de 45 % d’ici 2030

Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue (Giec)

Les spécialistes de l’organisation rappellent l’urgence de la mise en route de la transition : si le réchauffement poursuit sa trajectoire actuelle, le 1,5°C pourrait être atteint dès 2030 – soit dans à peine plus d’une décennie – et, dans le meilleur des cas, en 2052. Si la situation est critique, « des actions fortes laisseraient la possibilité de stabiliser la hausse des températures pour longtemps », assurait déjà Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue et co-présidente du groupe 1 (« éléments scientifiques ») du Giec, lors d’un point presse le 10 septembre dernier. Pour atteindre cet objectif, deux impératifs sont affichés par le document : la diminution de 45 % des émissions de CO2 dès 2030 et la neutralité des émissions mondiales en 2050.

L’enjeu du captage du carbone

Cependant, comme le rappelle Valérie Masson-Delmotte, « une majorité des trajectoires détaillées dans le rapport impliquent le dépassement de cet objectif [de 1,5°c]», suivi d’un recul des températures sous ce seuil. Ces modélisations reposent sur le captage du CO2 par les terres, ou son rejet hors de l’atmosphère, cette dernière option reposant sur des techniques de géo-ingénierie encore au stade embryonnaires.

Mais, comme le précise le document, « les risques futurs liés au climat sont plus importants si le réchauffement climatique dépasse 1,5 °C avant de revenir à ce niveau d’ici à 2100, surtout si le pic de température est élevé, que si le réchauffement climatique se stabilisait progressivement à 1,5 °C. Certains impacts peuvent être durables ou irréversibles, tels que la perte de certains écosystèmes. »

Reste à définir le rôle l’agriculture et la gestion des terres auront à jouer dans le stockage du carbone. Le rapport prévu pour l’été 2019, centré sur cette question, devrait permettre d’en savoir plus sur ces enjeux.

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