Les agriculteurs travaillent bien, qu’ils le fassent savoir !

20 février 2006 - La rédaction 
L’agriculteur doit adopter une posture d’ouverture aux autres car les citadins ont besoin de mieux le connaître. Il doit donc parler de son expérience. Simplement.

 

 

Les Français aiment les agriculteurs. Qu’on se le dise. Alors pourquoi ces professionnels se sentent-ils mal aimés ? Cette crainte entretenue deviendrait irrationnelle et ne ferait que les pousser à se replier sur eux-mêmes. Remi Mer, consultant en communication reste persuadé qu’il n’existe pas de désaffection de la part des citadins vis-à-vis des agriculteurs. “C’est une erreur de penser que le monde agricole est mal aimé. Nombre de professions sont critiquées, cela fait partie du jeu, les médias le sont, les enseignants le sont, donc les agriculteurs au même titre. Mais en aucun cas cela signifie qu’ils ne sont pas appréciés.”

En outre, citadins et ruraux se connaissent mal, voire pas du tout si on prend le temps de discuter avec les jeunes ou avec les citoyens qui sortent très peu des centres-villes. Michel Serres, académicien et philosophe l’a d’ailleurs souligné lors du colloque Farre organisé le 11 janvier 2005 à Paris à l’Unesco : “Au début du XXe siècle, une large majorité de la population active travaillait la terre, en 2000 seulement 2,3 % y sont rattachés ! Pas étonnant de rencontrer aujourd’hui, des étudiants qui ne savent pas ce qu’est l’agriculture. Ils ont perdu tout rapport avec la nature”.

Et c’est bien à l’agriculteur de tendre la main. Du moins de montrer que son univers est ouvert. Qu’il n’a rien à cacher. Car cette impression de véhiculer une mauvaise image crée, au sein du monde agricole, une peur des autres. Un réel handicap pour bien communiquer. Si le travail est bien fait, l’agriculteur doit le dire. Les panneaux “Agriculture raisonnée” ou encore les enseignes “Bienvenue à la ferme”, “Label vert” sont des indicateurs forts pour le visiteur, qu’il soit professionnel ou simple promeneur du dimanche.

 Du géranium au champ fleuri

 Bien évidemment, donner une image positive commence avec des fermes sans barrières. Mais aussi avec des fermes qui offrent du beau pour les autres.

Explication par Rémi Mer : “D’abord on installe un géranium sur une fenêtre, puis une pelouse est semée devant la maison, les volets sont repeints en bleu, des haies masquent la fosse à lisier, les locaux techniques, les fossés sont bien entretenus et puis des parcelles fleuries ponctuent le paysage. L’agriculteur se prend au jeu et offre du beau aux autres.”

Portes ouvertes sur la technique !

 Expliquer au grand public comment se raisonne la protection des cultures permet de faire tomber les idées reçues.

Claudie Davoine : “Le grand public comprend parfaitement la logique de la lutte contre les ravageurs”.

matière d’environnement. “Nous n’hésitons pas à dire que nous traitons avec des produits phytosanitaires, mais nous expliquons le raisonnement de ces pratiques avec les outils d’aide à la décision. Et nous montrons les alternatives à la lutte chimique. Ainsi, le grand public comprend parfaitement la logique de la lutte contre les ravageurs sur les pommiers.” L’Union des industries pour la protection des plantes, UIPP, a contribué financièrement, pour la première fois l’année dernière, à cette opération, notamment pour l’envoi des quelque 8 000 mailings aux habitants de la région. “Au-delà de l’image positive que nous véhiculons, ces journées sont bénéfiques à plusieurs titres en interne. D’une part, elles permettent de développer la vente de pommes directement à la propriété. D’autre part, elles stimulent la motivation des salariés qui prennent plaisir à expliquer leurs métiers à un public intéressé. C’est une grande satisfaction pour toute l’équipe.”

 

Stéphanie Ayrault, Référence environnement

 

Le dire avec des fleurs

 Fleurir les jachères pour embellir la campagne, une initiative gagnante d’une quinzaine d’exploitants de la région Nord-Pas-de-Calais.

177 hectares de céréales,

3 hectares de fraises

3 permanents et 50 salariés temporaires

Membre de Farre depuis 2001

 4,5 hectares de fleurs longent, depuis le printemps dernier, la vallée de la Course, une rivière qui coule dans le nord de la France, à proximité de Montreuil-sur-Mer (62). Semées par quinze agriculteurs par le biais de l’opération “À fleur de Course”, ces jachères colorées ont séduit les citadins de la région mais

Xavier Broutier : “Les citoyens se promènent désormais dans les parcelles et viennent nous voir dans les fermes”.

également les touristes venus en villégiature au bord de la Manche. Sur la zone, c’est Xavier Broutier, céréalier et cultivateur de fraise, qui en a eu l’idée. “Comme je vends en direct à la ferme, je voulais semer une jachère fleurie pour mieux accueillir mes clients. Le groupe régional de développement agricole, GRDA, m’a aidé à donner plus d’ampleur à ce projet en proposant aux agriculteurs de la région d’y participer.” La fédération des chasseurs, désireuse de communiquer davantage avec le grand public, a financé l’achat des semences de fleurs, dont les deux mélanges sélectionnés ont dû être au préalable autorisés par la direction départementale de l’agriculture pour une implantation sur jachère. Les exploitants ont apposé un panneau explicatif dans chaque parcelle fleurie. “Les fleurs ont permis de renouer le dialogue entre les citoyens et les agriculteurs. Ils se promènent désormais dans les parcelles et viennent nous voir dans les fermes pour nous questionner sur cette opération. C’est très positif, même si cette affluence ne plaît pas à tous les exploitants !” Les jachères fleuries permettent également de bâtir d’autres opérations de communication (grâce notamment à Campagnes vivantes), comme le concours photo organisé en juillet 2005. “Cette année, de nouveaux agriculteurs devraient rejoindre l’opération.”

 Stéphanie Ayrault, Référence environnement

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