L’Europe organise la prévention

20 août 2005 - La rédaction 
Face à l’importance des dégâts causés par les épizooties (épidémies qui frappent les animaux), un “réseau d’excellence scientifique” vient d’être mis en place à l’échelon européen. Dénommé Epizone, il aura à sa disposition plus de 300 chercheurs en charge de traquer les risques et de les prévenir. Au cœur de cette organisation : la communication entre les partenaires.

“Epizone est un réseau européen créé en vue d’augmenter l’excellence scientifique des recherches sur l’émergence des maladies épizootiques”.

“L’impact social et économique peut être considérable”, alerte Emmanuel Albina du Cirad(1) évoquant le problème des épizooties. Ces maladies des animaux terrestres et aquatiques représentent en effet un risque majeur pour la production de denrées alimentaires d’origine animale. “On l’a vu récemment avec les crises de peste porcine classique aux Pays-Bas en 1997, de fièvre aphteuse en Grande-Bretagne en 2001 ou, trois ans plus tard, celle de peste aviaire en Asie”, indique Emmanuel Albina. L’actualité de cet été le confirme, avec à nouveau des alertes sur la grippe aviaire qui se développe en Europe. Le Cirad précise que de telles maladies se diffusent très rapidement dans les zones à forte densité de population au travers des contacts entre animaux, de la dissémination par insectes vecteurs ou encore par le biais des denrées alimentaires d’origine animale. Pour la grippe aviaire, les oiseaux migrateurs sont des vecteurs importants de la maladie. Aux Pays-Bas, l’épidémie de peste porcine classique a entraîné l’abattage de huit millions de porcs et les foyers secondaires disséminés en Europe ont abouti à l’élimination de huit cent mille autres porcs. Les pertes totales cumulées se chiffrent à plusieurs milliards d’euros. “S’ajoute en effet aux pertes directes, la baisse de la consommation des denrées produites par les filières non concernées par l’épizootie”, souligne le Cirad qui constate un autre impact indirect, celui sur les mouvements des personnes en raison des mesures de contrôle. Ce fut par exemple le cas en Grande-Bretagne lors des épidémies de fièvre aphteuse où les déplacements étaient encadrés.

 Détecter et prévenir

 Vu l’ampleur des risques dus à ces maladies, il est apparu vital d’augmenter l’excellence scientifique des recherches sur l’émergence des maladies épizootiques en améliorant leur détection, leur prévention et leur contrôle. C’est l’objectif que s’est fixé Epizone, réseau d’excellence scientifique qui vient d’être mis en place au niveau européen. Il comprend plus de 300 chercheurs répartis parmi quatorze instituts de recherche dont deux extra-européens –chinois et turc.

 La communication au cœur du dispositif

 Epizone développera, à l’échelle européenne, la collaboration entre scientifiques et l’intégration des recherches en santé et production animales. Les bénéficiaires du projet seront en premier lieu les producteurs de denrées alimentaires d’origine animale, les industries agro-alimentaires, les consommateurs. Il intéressera également les sociétés privées du domaine de la production et de la santé animale développant des outils de gestion de crise, de nouveaux outils de diagnostic, des vaccins et de nouvelles thérapeutiques. Au cœur de cette approche : la communication. “C’est dans cet esprit que le Cirad est partenaire du réseau puisqu’il coordonne le thème « diffusion de l’excellence »”, indique Emmanuel Albina. Epizone sera appuyé dans sa démarche par un partenaire privé hollandais, spécialisé dans la communication des connaissances par Internet. Le Cirad pilote par ailleurs deux des vingt-deux programmes de travail européens sur les thèmes : “enseignement et formation” et “épidémiologie moléculaire”. Le Centre prend également part aux autres thèmes scientifiques du réseau : diagnostics, stratégies d’intervention, épidémiologie et surveillance, évaluation et gestion du risque.

Epizone : 300 chercheurs, 14 instituts

 Epizone est un projet de la Commission européenne. Il disposera d’un budget de 14 millions d’euros sur une période de cinq ans. Le réseau est coordonné par le Centraal Instituut voor Dierziekte Contrôle de Lelystad, aux Pays-Bas. Les quatorze instituts participants sont :

Centraal Instituut voor Dierziekte Contrôle de Lelystad (Pays-Bas), Instituut voor Dierhouderij en Diergezondheid B.V. (Pays-Bas), Friedrich-Loeffler-Institut (Allemagne), Institute for animal health (Grande-Bretagne), Veterany Labopratories Agency (Grande-Bretagne), Agence française de sécurité sanitaire des aliments (France), Danish Institute for Food and Veterinary Research, National Veterinary Institute (Suède), Cirad (France), Instituto Nacional de Investigacion y Tecnologia Agraria y Alimentaria (Espagne), Istituto Zooprofilattico Sperimentale delle Venezie (Italie), Lanzhou Veterinary Research Institute – Chinese Academy of Agricultural Sciences (Chine), National Veterinary Research Institute (Pologne), Sap Enstitüsü Müdürlügü (Turquie), DiVa BV (Pays-Bas).

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