Locavorium : quand les circuits courts drainent le changement de pratiques

31 août 2017 - Eloi Pailloux 
Des produits locaux, sans intermédiaire, et des critères de qualité stricts. Ce sont les trois axes de travail du magasin de producteur Locavorium, à Montpellier. À la clé : des prix garantis pour les agriculteurs, et des clients confiants sur ce qu'ils consomment.

Le Locavorium porte bien son nom. Portée par trois ingénieurs agronomes, l’enseigne fédère 164 agriculteurs dont les exploitations se situent, au plus, à 150 kilomètres de Montpellier, où le magasin est installé. « Nous nous sommes lancés en tant que consommateurs soucieux de la qualité et de la provenance de nos aliments, mais en ayant en tête le contexte de la crise agricole », témoigne Damien Roux, l’un des trois co-fondateurs.

Objectif zéro pesticide dans le rayons fruit et légumes

L’origine n’est pas le seul critère auquel les gérants du Locavorium sont attentifs. Sur le rayon fruits et légumes, le zéro pesticide est de mise. « Nous réalisons des analyses de résidus pour mettre en avant cet objectif de résultat, qui va, en un sens, plus loin que le bio qui ne fixe que des objectifs de moyens », précise Damien Roux. Un système de preuve qui vise à construire la confiance des consommateurs, l’idée étant qu’ils se servent dans les rayons « les yeux fermés », comme le précise Damien Roux.

Prix garantis à l’année pour limiter les risques liés au changement de pratiques

Les agriculteurs sont donc invités à faire évoluer leurs pratiques, grâce à l’accompagnement apporté par les fondateurs ingénieurs agronomes. Arrêter l’usage de pesticides peut impacter leurs rendements. Les gérants du Locavorium travaillent avec des sociologues et des économistes de l’Inra pour trouver les meilleurs moyens de valoriser ces produits respectueux de l’environnement, mais sans label officiel. Le magasin privilégie des contrats à l’année, avec des prix fixes, dont le niveau est optimisé par l’absence d’intermédiaire : « De quoi sécuriser les revenus dans un contexte où les prix ne prennent que trop rarement en compte le coût de production. »

 

L’intransigeance, levier de changement

Pour arriver à ses fins, Locavorium impose son intransigeance sur ses produits. « Quitte à avoir, par phase, certains rayonnages moins garnis, reconnait Damien Roux. Si aucun producteur ne veut ou ne peut nous approvisionner en respectant nos critères de sélection, nous préférons ne pas en proposer du tout. Si tout le monde dit oui à tout, les producteurs ne sont jamais incités à s’améliorer. À l’inverse, en disant non, certains producteurs remettent en question leur méthode de production. » Cette inflexibilité, « toujours argumentée », est selon Damien Roux un facteur incontournable de progrès.

Après deux années de fonctionnement, les étals sont d’ailleurs rarement vides. Si toutes les exploitations fournissant le Locavorium son familiales, leur diversité d’échelle garantit un approvisionnement régulier. « Nous avons un maraicher qui travaille sur 50 ares et un producteur de pommes de terre disposant de 200 hectares… Contrairement aux idées reçues, les gros ne tuent pas les petits, au contraire : ils aident le magasin à tourner toute l’année, assurant un niveau de clientèle qui profite à tous, surtout aux producteurs les plus modestes. » Cette volonté de supporter le monde agricole se traduit par le fait que le Locavorium soutient en moyenne 10 % de jeunes agriculteurs en installation, dont la grande majorité sont en bio ou en conversion bio.

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