Quand les éleveurs montrent patte blanche

16 mai 2017 - La rédaction 
Du 17 au 21 mai, l'interprofession de la viande organise une opération portes ouvertes dans les élevages et les sites de transformation. Pour rassurer les consommateurs, certains éleveurs vont plus loin : ils gèrent en direct les abattoirs.

« Je suis fier de notre métier. Je veux accueillir les consommateurs dans l’abattoir afin qu’ils vérifient sur place. » Jacques Lespinasse, directeur de Sopacel, filiale de la coopérative limousine Celmar, montrera les coulisses du site de Saint-Romain-de-Popey (Rhône) lors des Rencontres Made in viande d’Interbev du 17 au 21 mai. L’abattoir, qui a transformé 3000 tonnes de viande en 2016, est de taille modeste et livre en circuit court dans un rayon de 140 km. Même s’il reconnaît que « le métier est technique et difficile », Jacques Lespinasse est persuadé qu’ouvrir les portes pourra faire contrepoids aux vidéos chocs de L214.

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<p>Jouer la transparence, c’est aussi l’idée de Véronique Laby, qui est à la tête d’un superbe troupeau de 60 limousines à Brignais, près de Lyon. Son objectif : <strong>transmettre sa passion</strong> pour cette race rustique et l’élevage en plein air.</p>
<p>De fait, une<strong> bataille d’images </strong>est engagée entre d’un côté les militants de l’association végan L214, et l’interprofession de la viande qui fédère 500 000 éleveurs, industriels de la transformation, restaurateurs et bouchers.</p>
<p><span class=Dans la Creuse, les éleveurs ont conçu un nouvel outil

Pour rassurer les consommateurs, des groupements d’éleveurs n’hésitent pas à gérer en direct des abattoirs de proximité. Ils veulent éviter de nouveaux scandales en maîtrisant le dernier maillon de la chaîne, c’est-à-dire la mise à mort. À Die (Drôme), 45 exploitants agricoles tuent et découpent eux-mêmes.

Pour alléger les coûts, ils ne sont pas salariés, mais payés à la journée. Ils cogèrent l’outil industriel et vendent en circuit court, bio ou non, aux particuliers ou dans les supermarchés de la région. Ce système a fait école à Guillestre (Hautes-Alpes) ou encore à Andrézieux-Bouthéon (Loire).

Dans la Creuse, à Bourganeuf, 60 éleveurs-actionnaires sont en train de construire un outil de transformation de la viande qui sera opérationnel à la fin de l’année. L’investissement, estimé à 3,5 millions d’euros, est partagé entre les éleveurs, l’Europe, la Région et les banques.

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<p>« Plusieurs abattoirs ont fermé près de chez nous. Il y avait donc un problème pour transporter nos bêtes sur de longues distances, assure Guillaume Betton, PDG de la société Pôle Viandes Locales. Le nouveau bâtiment répond aux <strong>exigences de bien-être animal et humain</strong>. Des bruits d’eau calment le bétail et les cadences sont abaissées de 20 %. »</p>
<p><span class=En Suède, on tue in situ

« Chaque mois des éleveurs me transmettent des demandes de reprise, confirme André Éloi, directeur de la fédération nationale des exploitants d’abattoirs prestataires de services (FNEAP). Le mouvement de concentration qui a entraîné la fermeture de plus d’une centaine d’abattoirs de 2002 à 2010 arrive en fin de cycle. La France compte aujourd’hui 263 abattoirs. Les petites unités adaptées à la commercialisation en circuit court sont réhabilitées. Le maillage du territoire se reconstitue. »

Audacieuse, Émilie Jeannin, éleveuse de charolais à Beurizot (Côte d’Or), s’active pour mettre en circulation en France un camion abattoir d’ici fin 2017. Elle s’inspire du prototype de la société suédoise Hälsingestintan qui se déplace de ferme en ferme.

Le modèle économique est inédit : Émilie Jeannin compte acheter les animaux vivants et commercialiser les produits sous la marque Boeuf éthique. Reste à savoir dans quel délai et sous quelles conditions le nouveau ministre de l’Agriculture accordera les autorisations nécessaires. Affaire à suivre…

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