Associer deux cultures en même temps, c’est possible (et durable !)

11 janvier 2019 - Stéphanie Ayrault 
Plusieurs cultures associées en même temps dans la même parcelle ? Une pratique agroécologique qui gagne du terrain. Si elle nécessite de la technique et un matériel spécifique, elle engendre un usage moindre de fertilisants et de pesticides, sans réduire la productivité.

Un champ, une culture… La règle n’est plus systématique pour les agriculteurs. En implanter au moins deux simultanément aurait la vertu de réduire l’utilisation des pesticides et fertilisants, tout en maintenant les rendements. C’est le principe des cultures associées. « Dans un peuplement classique, les plantes d’une même parcelle sont en compétition pour les ressources : elles utilisent les mêmes réserves d’azote et de phosphore du sol pour se nourrir », explique Philippe Hinsinger, chercheur à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) de Montpellier. Dans un système associant plusieurs espèces, on vise un meilleur partage des ressources, car les besoins des plantes sont différents ou décalés dans le temps, ce qui entraîne une moindre compétition.

Moins de fertilisation… et plus de protéines ?

Un exemple d’association de deux cultures.

L’agriculteur va aussi chercher à favoriser les interactions positives entre les cultures associées. Un des cas les plus fréquemment répandus est l’introduction de légumineuses, comme les pois ou la luzerne, capables de fixer l’azote de l’air. Cette faculté confère la possibilité d’enrichir le milieu en azote, et donc de réduire la fertilisation. L’association est particulièrement utilisée pour les céréales ou le colza. « Le colza est très demandeur en azote au printemps, ce qui alourdit le bilan environnemental et énergétique de cette culture », précise Muriel Valantin-Morison, directrice de recherche à l’Inra. De plus, la teneur en protéines des céréales en association avec des légumineuses peut être meilleure.

Des investissements nécessaires

Cette pratique peut aussi présenter des avantages pour réduire l’usage des pesticides. En associant la culture avec une autre espèce qui couvre mieux le sol, le développement des mauvaises herbes est freiné. Les risques d’attaques des ravageurs et des parasites diminuent aussi, grâce à la distance plus importante entre les plantes hôtes, au rôle de barrière physique de la culture associée et à la modification de l’aspect général du couvert végétal.

Toutefois, des freins existent : la mise en place de deux cultures peut nécessiter des semoirs adaptés. Surtout, leur récolte simultanée pose des contraintes de tri post-récolte et requiert des capacités de stockage dédiées chez les collecteurs. « Mais face au développement de la technique, les structures de collecte agricole ont commencé à investir », indique Philippe Hinsinger.

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