Œufs et fipronil, un scandale, mais pas de crise sanitaire

31 août 2017 - Eloi Pailloux 
Ce dossier a agité le mois d'août 2017 : des œufs contaminés au fipronil ont été commercialisés après que 200 élevages néerlandais et belges ont été désinfectés avec cet insecticide. Si l'affaire révèle un vrai défaut dans les pratiques des filières concernées, le risque sanitaire est minime.

Comment la molécule insecticide fipronil a-t-elle pu contaminer des œufs, vendus tels quels ou transformés dans le cadre de recettes industrielles ? C’est la question qui s’est posée cet été – même si les produits en questions ont été commercialisés fin avril-début mai. Entre 200 000 et 300 000 œufs vendus en Europe ont été concernés, a priori en provenance des Pays-Bas et de Belgique. Les œufs ont été contaminés dans les bâtiments de plusieurs élevages, préalablement désinfectés au fipronil. La toxicité pour les consommateurs de ces œufs et ovoproduits a évidemment généré de l’inquiétude.

Un adulte peut manger dix œufs contaminés par jour sans risque

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), se veut rassurante. La molécule, mise sur le marché en 1993, est bien connue de ses services. L’Anses a pu faire ses calculs : la toxicité du fipronil et les concentrations les plus hautes relevées lors du scandale, ont été « croisées » avec les habitudes alimentaires des Français. Verdict : « La consommation d’un œuf par jour pour les enfants de 1 à 3 ans, et 10 œufs par jour pour un adulte, ne permet pas d’atteindre la valeur toxique de référence, autrement dit, la valeur en-dessous de laquelle il n’y a aucun risque pour la santé », souligne la directrice générale adjointe en charge des produits réglementés à l’Anses, Françoise Weber(1).

Pas de « crise sanitaire », mais des erreurs, voire des fraudes

La scientifique précise d’ailleurs que, même quand cette valeur est atteinte, la neurotoxicité n’est pas immédiate. Les cas de contaminations accidentelles au fipronil sont selon elle suffisamment nombreuses pour estimer qu’il faut encore multiplier la valeur toxique de référence par dix pour observer les premiers symptômes cliniques, « le plus souvent des troubles digestifs bénins. » Le risque de neurotoxicité nécessitant une exposition encore plus prononcée.

Stéphane Travert, ministre de l’Agriculture, s’appuie sur l’avis de l’Anses pour exclure l’idée d’une « crise sanitaire », tout en reconnaissant qu’il y avait bien une fraude, ou a minima des erreurs commises à l’origine de l’affaire. Un premier point sur l’enquête devant établir les responsabilités est prévu pour début septembre.

(1) Interrogée sur France Inter le 11 août.

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