Vers une industrialisation de la filière biomasse

20 mars 2005 - La rédaction 
Pour limiter les émissions de CO2, le recours aux carburants issus de la biomasse est une solution prometteuse. À condition de développer de nouvelles filières de production. Le terme “biomasse” désigne au sens large l’ensemble de la matière vivante. Depuis le premier choc pétrolier, ce concept s’applique aux produits organiques végétaux et animaux utilisés à des fins énergétiques ou agronomiques.

Dans un contexte marqué par une réelle volonté de réduire les émissions des gaz à effet de serre et la dépendance énergétique vis-à-vis du pétrole, les carburants issus du végétal (biocarburants) ont un avenir prometteur.

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nstallation expérimentale d’essais de gazéification en lit fluidisé (1 000 °C, 40 bars) du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) Grenoble.

Cependant, afin d’exploiter au maximum les capacités de la ressource biomasse et faciliter ainsi l’essor de ces carburants alternatifs, de nouvelles voies de production fondées sur un autre type de matière première, font l’objet depuis peu de travaux de recherche. C’est notamment le cas de la filière biomasse lignocellulosique (pailles, tiges de maïs, bois, résidus forestiers, déchets organiques…), pour laquelle des processus efficaces de production de carburants liquides existent déjà et ne demandent qu’à être développés. Deux voies de valorisation de cette biomasse semblent particulièrement intéressantes. La première, dite BTL (Biomass to liquid), permet d’obtenir un gazole d’excellente qualité. Quant à la deuxième, elle concerne la production d’éthanol par voie biochimique (voir encadré ci-dessous). Moins agricoles et plus industriels, ces modes de production devraient, à terme, offrir quelques avantages sur les filières actuelles, et notamment, comme le souligne Daniel Ballerini chef du département “Biotechnologie et chimie de la biomasse” de l’Institut français du pétrole, “de meilleurs rendements et indices énergétiques et donc un meilleur bilan CO2”. Selon lui, cette nouvelle filière permettrait “de s’affranchir de certaines contraintes inhérentes aux voies de production classiques, telles que la limitation des surfaces cultivables ou encore la concurrence avec la ressource alimentaire”. Mais pour l’heure, un travail de recherche et développement s’avère nécessaire.

Trois groupes de travail devraient se constituer

Ainsi, sous l’égide de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), une proposition de programme national, à laquelle sont associés des organismes de recherche publique pluridisciplinaires (CEA, CNRS, IFP, Inra…) ainsi que des industriels (EDF, Total…), a été présentée le 15 mars 2005 à différents ministères (Industrie, Recherche, Agriculture et Environnement). Si la proposition est validée par la suite et financée, trois groupes de travail devraient alors collaborer. L’un d’entre eux, constitué des différents acteurs des filières bois, oléagineuses et céréalières ainsi que de l’Inra, sera chargé de la matière première : évaluation précise de la disponibilité et de la qualité des ressources lignocellulosiques existantes, création de nouvelles cultures (taillis à courte rotation…), production et mobilisation des ressources, etc. Associant divers organismes de recherche publique pluridisciplinaires (CEA, IFP, CNRS…), les deux autres groupes devraient, quant à eux, être dédiés aux voies de production de carburants liquides via la mise en place d’unité pilotes. Il faudra près de dix ans pour la mise au point des techniques de transformation adaptées et l’organisation et la mise en place progressive des filières de production de la ressource.

Production d’éthanol par voie biochimique : comment ça marche ?

Techniquement, la voie BTL (Biomass to liquid) consiste en une succession de traitements thermiques, comme la thermolyse (600 °C) puis la gazéification (900 °C) qui, au moyen d’un réactif, comme l’air, l’oxygène ou la vapeur d’eau, permettent de convertir la matière d’origine, en un mélange gazeux composé principalement de CO et H2. Ce “gaz de synthèse” peut ensuite conduire à la production de gazole de très bonne qualité grâce à un processus déjà connu : la synthèse Fischer-Tropsch. De son côté, le procédé de production d’éthanol consiste à récupérer, par hydrolyse enzymatique, le maximum de sucres issus à la fois des fractions cellulosiques et hémi-cellulosiques de la matière première, puis de fermenter ces sucres en éthanol.

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