Agribalyse souligne les limites de l’impact environnemental de l’alimentation

9 octobre 2020 - Thomas Turini 
L’impact environnemental des produits agricoles et agro-alimentaires est désormais public, à travers l’ouverture de la base de données de référence Agribalyse. De nombreuses limites concernent néanmoins la prise en compte des services rendus par l’agriculture.

« Si je veux améliorer mon score Agribalyse, je démolis mes murs de pierres sèches, je draine mes prairies humides, j’arrache mes haies, je laboure mes bandes fleuries, j’arrête les couverts végétaux, je remblais les mares, etc. Et là, j’aurai un meilleur score. » Sabine Bonnot, agricultrice et trésorière de l’Institut de l’agriculture et de l’alimentation biologique (Itab) ne mâche pas ses mots à l’occasion colloque 100 % digital organisé le 29 septembre par l’Inrae et l’Ademe, dans le cadre de la diffusion publique de la base de données environnementales de référence pour l’alimentation, Agribalyse.

L’ACV favorise les systèmes intensifs

Agribalyse fournit des résultats qui reposent sur l’analyse de cycle de vie, ou ACV. Cette méthode de calcul, conçue pour le secteur industriel dans les années soixante, recense les pollutions tout au long de la vie du produit, de la fabrication ou de l’extraction des matières premières jusqu’à la destruction ou le recyclage. « Le fait que l’ACV ramène tout au kilo de produit favorise les systèmes intensifs, poursuit Sabine Bonnot. En clair, nous allons devoir mettre des vaches dans des usines et pas à l’herbe dans les alpages. Idem pour le poulet : un animal élevé en intensif, qui aura vécu 35 jours à 22 par mètre carré, sera toujours noté plus favorable en ACV, avec la méthode actuelle, qu’un poulet bio ou Label Rouge qui aura vécu 81 jours avec quatre mètres carrés par poulet et en plein air. »

Quel affichage pour les services rendus ?

Destinée à terme à l’affichage environnemental pour les consommateurs, à l’image du nutri-score, les résultats d’ACV montrent certaines limites quant à la prise en compte des services
écosystémiques et, plus globalement, la multifonctionnalité de l’agriculture. Des limites que l’Inrae travaille à dépasser. Les filières agricoles sont « volontaires pour améliorer les choses », comme le précise Sabine Bonnot qui regrette tout de même que « les points de vigilance soulignés dès le départ [n’aient] pas été traités ». Une expérimentation est en cours pour cadrer l’utilisation de ces
résultats en vue de l’affichage environnemental sur les produits alimentaires.

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