Champs Bio du Gers, quand les agriculteurs construisent toute une filière eux-mêmes

26 novembre 2019 - Eloi Pailloux 
Désireux de reprendre la main sur leurs modes de production, la transformation de leurs produits et leurs débouchés, des agriculteurs du Gers ont décidé… de tout gérer eux-mêmes. Une démarche qui demande organisation et investissement, mais qui porte ses fruits.

Dans l’Ouest du Gers, un collectif réunit les agriculteurs autour d’une idée simple : « maîtriser leur production ». Si le concept tient en trois mots, ses concepteurs en font une ligne de conduite sine qua non. Pour certains d’entre eux, travailler uniquement sur la commande de l’aval, obéir à des cahiers des charges prédéfinis, revenait à ne plus avoir la main sur leur métier. Pour inverser la tendance, une seule solution : construire soi-même une filière. « L’idée n’est pas de critiquer les filières « classiques », mais plutôt de créer une alternative », précise Jean-Christophe Giesbert, qui s’occupe de la communication pour le collectif.

Des débouchés soigneusement sélectionnés

Champs Bio du Gers est né, en 2019, de cette volonté. Et si ses adhérents se plient aux critères du label bio, pour le reste, ces sont les agriculteurs qui décident. Notamment du débouché pour leurs céréales, légumes secs et cultures oléo-protéagineuses. Les producteurs ont choisi une entreprise gersoise, mais aux ambitions nationales, travaillant sur le « snacking bio ». Une autre partie de la production est destinée à Relais Vert, une plateforme logistique bio du Vaucluse, qui alimente des magasins bio dans toute la France. L’un des agriculteurs, Oscar Coupey, a même créé une société, « TG d’OC », pour faciliter la commercialisation des productions vers ces débouchés.

Silo, si pratique !

Autre outil à disposition de Champs Bio du Gers : un silo de stockage ultramoderne, près de Condom, fruit d’un investissement de trois millions d’euros. Une enveloppe importante, mais à laquelle le fonds national Avenir Bio, la région Occitanie et la communauté de communes de la Lomagne Gersoise ont proposé des subventions à hauteur de 30 %. Pour le reste, le collectif a évidemment mis la main à la poche. Le prix de l’autonomie… car grâce à ce site, les agriculteurs disposent d’une capacité de stockage de 1800 tonnes de grains, en plus de la possibilité de les décortiquer, de produire de la farine et de la conditionner, en vrac ou ensachée jusqu’à 250 grammes, directement destiné au consommateur final. « Il est trop tôt pour faire les comptes et estimer la rentabilité de cette filière, mais les adhérents sont confiants, et la motivation est de toute façon autant philosophique qu’économique ! », affirme Jean-Christophe Giesbert.

Grandir… mais pas trop

Aujourd’hui, le collectif représente 3000 hectares de cultures. D’ici cinq ans, ce pourrait être 5000 hectares. « Nous ne voulons pas nous engager dans une course à la taille qui pourrait altérer la dynamique collective qui nous anime, glisse l’une des agricultrices, Audrey Ramis. C’est en apprenant les uns des autres que nous ferons progresser le collectif. Et pour ce faire, le groupe doit rester à taille humaine. » Une dimension qui doit aussi faciliter l’une des ambitions de Champs Bio du Gers : la traçabilité. « Notre but n’est pas de faire beaucoup de tonnage mais de garantir, avant tout, une production bio de qualité irréprochable et l’origine du produit », confirme Bertrand Bortoloni président du collectif.

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