Comment Or Brun prépare l’après Roundup

20 décembre 2017 - La rédaction 
La marque de produits pour jardins utilisables en agriculture biologique veut séduire des clients plus jeunes et citadins. Elle s'engage à proposer davantage d'alternatives aux pesticides conventionnels.

Mai 68, ce ne sont pas seulement les pavés, les slogans et les manifs. C’est aussi Clovis Mouilleau qui, en toute discrétion, a révolutionné les potagers. À l’époque propriétaire d’une jardinerie, il constatait l’inquiétude de ses clients sur la qualité de la terre. Il a alors conçu un amendement naturel et l’a baptisé Or Brun parce que ce « n’était pas vilain. »

Clovis Mouilleau avait la vista. Aujourd’hui, la loi interdit aux commerçants de vendre en libre-service les produits phytosanitaires « conventionnels ». Au 1er janvier 2019, ils seront bannis des jardins.

Selon le cabinet GFK, les ventes de phytobios ont bondi de 32 % en valeur de janvier à septembre 2017. Si ce segment continue sur sa lancée, il pourrait franchir la barre des 100 millions d’euros de chiffres d’affaires début 2018.

Séduire les jardiniers débutants

Les pratiques évoluent peu à peu. Les récents débats autour de l’avenir du RoundUp ont contribué à cette tendance. C’est comme si la loi déroulait le tapis rouge à Or Brun. Curieusement, Christophe Juif, nouveau directeur général de la PME (22 millions d’euros de chiffre d’affaires) est loin de pavoiser : « Il faut aider les jardiniers débutants qui aiment une pratique rapide et facile. Je ne parle pas des experts qui connaissent Or Brun depuis cinquante ans. Mais des jeunes, des citadins qui doivent conserver ou découvrir ce loisir. Ils manquent d’expérience du jardinage naturel. C’est pour eux que nous avons conçu la gamme Orbio, des produits prêts à l’emploi en petit conditionnement. »

De fait, Or Brun doit porter la bonne parole car pour un néophyte, packaging et codes couleurs de la marque ressemblent à s’y méprendre à ceux du rayon « chimique ». Si la composition du fertilisant rassure – fumiers de volailles, de cheval, algues… – le contenu de la gamme « des répulsifs », tels que bouillie bordelaise ou encore soufre, même autorisés en bio, n’est pas très rassurant.

Atteindre la taille critique

L’exercice pédagogique n’est pas superflu, d’autant qu’Or Brun vient d’acquérir la PME Neudorff, qui fabrique à la fois des références naturelles et chimiques. Est-il possible de se positionner dans les deux camps ? C’est le cas de nombreux fabricants du secteur. Sauf que le jardinier désormais méfiant et informé risque de ne pas apprécier une telle polyvalence. Christophe Juif le promet : « Or Brun compte épurer le portefeuille de produits. »

Une promesse qu’il faudra tenir sur le long terme, car les acquisitions ou les prises de participation devraient continuer : une dizaine de sociétés françaises cherchent des repreneurs. La course à la taille critique est lancée.

100 000 m² de plates-formes

Or Brun, qui se positionne comme quatrième acteur du marché, s’estime légitime pour s’imposer. La PME fondée par Clovis Mouilleau a été rachetée en mai dernier par le suisse Éléphant Vert, spécialiste de l’agriculture bio. Ce groupe méconnu est adossé à la fondation suisse Antenna, engagée dans la recherche et l’aide sur les thèmes de l’eau, l’hygiène, la nutrition, l’agriculture…

« En plus des valeurs d’Antenna, Or Brun va profiter des apports technologiques d’Éléphant Vert pour innover dans les solutions naturelles », assure Christophe Juif. Actuellement, Or Brun dispose de 100 000 m² de plates-formes de compostage pour permettre aux produits de « mûrir » pendant plusieurs mois. La production est répartie dans trois sites : Beauvoir-sur-Mer (Vendée), Saint-Jean-de-Mont (Loire) et Thiel-sur-Acolin (Allier). C’est à partir de cette base que l’innovation va se déployer : « La recherche et développement avance rapidement pour répondre aux aspirations de 17 millions de jardiniers », assure Christophe Juif. Le manager espère que les instances de contrôle françaises pourront accélérer les autorisations de lancements. « En Belgique les produits naturels sont évalués en priorité par rapport aux concurrents conventionnels. » Une idée à suivre.

Marie Nicot

Comment Or Brun prépare l’après Roundup

- La rédaction 
La marque de produits pour jardins utilisables en agriculture biologique veut séduire des clients plus jeunes et citadins. Elle s'engage à proposer davantage d'alternatives aux pesticides conventionnels.

Mai 68, ce ne sont pas seulement les pavés, les slogans et les manifs. C’est aussi Clovis Mouilleau qui, en toute discrétion, a révolutionné les potagers. À l’époque propriétaire d’une jardinerie, il constatait l’inquiétude de ses clients sur la qualité de la terre. Il a alors conçu un amendement naturel et l’a baptisé Or Brun parce que ce « n’était pas vilain. »

Clovis Mouilleau avait la vista. Aujourd’hui, la loi interdit aux commerçants de vendre en libre-service les produits phytosanitaires « conventionnels ». Au 1er janvier 2019, ils seront bannis des jardins.

Selon le cabinet GFK, les ventes de phytobios ont bondi de 32 % en valeur de janvier à septembre 2017. Si ce segment continue sur sa lancée, il pourrait franchir la barre des 100 millions d’euros de chiffres d’affaires début 2018.

Séduire les jardiniers débutants

Les pratiques évoluent peu à peu. Les récents débats autour de l’avenir du RoundUp ont contribué à cette tendance. C’est comme si la loi déroulait le tapis rouge à Or Brun. Curieusement, Christophe Juif, nouveau directeur général de la PME (22 millions d’euros de chiffre d’affaires) est loin de pavoiser : « Il faut aider les jardiniers débutants qui aiment une pratique rapide et facile. Je ne parle pas des experts qui connaissent Or Brun depuis cinquante ans. Mais des jeunes, des citadins qui doivent conserver ou découvrir ce loisir. Ils manquent d’expérience du jardinage naturel. C’est pour eux que nous avons conçu la gamme Orbio, des produits prêts à l’emploi en petit conditionnement. »

De fait, Or Brun doit porter la bonne parole car pour un néophyte, packaging et codes couleurs de la marque ressemblent à s’y méprendre à ceux du rayon « chimique ». Si la composition du fertilisant rassure – fumiers de volailles, de cheval, algues… – le contenu de la gamme « des répulsifs », tels que bouillie bordelaise ou encore soufre, même autorisés en bio, n’est pas très rassurant.

Atteindre la taille critique

L’exercice pédagogique n’est pas superflu, d’autant qu’Or Brun vient d’acquérir la PME Neudorff, qui fabrique à la fois des références naturelles et chimiques. Est-il possible de se positionner dans les deux camps ? C’est le cas de nombreux fabricants du secteur. Sauf que le jardinier désormais méfiant et informé risque de ne pas apprécier une telle polyvalence. Christophe Juif le promet : « Or Brun compte épurer le portefeuille de produits. »

Une promesse qu’il faudra tenir sur le long terme, car les acquisitions ou les prises de participation devraient continuer : une dizaine de sociétés françaises cherchent des repreneurs. La course à la taille critique est lancée.

100 000 m² de plates-formes

Or Brun, qui se positionne comme quatrième acteur du marché, s’estime légitime pour s’imposer. La PME fondée par Clovis Mouilleau a été rachetée en mai dernier par le suisse Éléphant Vert, spécialiste de l’agriculture bio. Ce groupe méconnu est adossé à la fondation suisse Antenna, engagée dans la recherche et l’aide sur les thèmes de l’eau, l’hygiène, la nutrition, l’agriculture…

« En plus des valeurs d’Antenna, Or Brun va profiter des apports technologiques d’Éléphant Vert pour innover dans les solutions naturelles », assure Christophe Juif. Actuellement, Or Brun dispose de 100 000 m² de plates-formes de compostage pour permettre aux produits de « mûrir » pendant plusieurs mois. La production est répartie dans trois sites : Beauvoir-sur-Mer (Vendée), Saint-Jean-de-Mont (Loire) et Thiel-sur-Acolin (Allier). C’est à partir de cette base que l’innovation va se déployer : « La recherche et développement avance rapidement pour répondre aux aspirations de 17 millions de jardiniers », assure Christophe Juif. Le manager espère que les instances de contrôle françaises pourront accélérer les autorisations de lancements. « En Belgique les produits naturels sont évalués en priorité par rapport aux concurrents conventionnels. » Une idée à suivre.

Marie Nicot

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