Dans la Manche, 10 agriculteurs veulent créer un marché local du carbone

6 juillet 2021 - Laure Hänggi 
Un « marché local et volontaire du carbone » pourrait émerger au sud de Saint-Lô (Manche), à l’initiative des agriculteurs de la région. Le GVA de Tessy-sur-Vire vise en effet la valorisation du stockage de carbone des haies, en partenariat avec des entreprises locales. Deux réunions d’information ont déjà eu lieu, en lien avec la Chambre d’agriculture de la Manche. Catherine Brunel, qui y est ingénieure et anime le GVA de Tessy, nous explique le projet.

Sur le territoire bocager du sud de Saint-Lô, dans la Manche, 10 agriculteurs du GVA (groupement de vulgarisation agricole) de Tessy-sur-Vire s’intéressent à la valorisation du stockage du carbone de leurs haies. Avec l’appui de la Chambre d’agriculture de la Manche, ils réfléchissent à la création d’un « marché local et volontaire du carbone ».

Un nouvel outil de calcul du carbone stocké

Les agriculteurs vont, dans un premier temps, mettre en place le « plan de gestion durable des haies », du ministère de l’Agriculture, qui impose des règles sur leur entretien. La deuxième étape concerne le calcul de la quantité de carbone que les haies peuvent stocker. Pour cela, le GVA de Tessy utilisera un outil mis en place par l’Ademe (Agence française de la transition écologique) : « Carbocage ». Ce dernier prend en compte plusieurs paramètres propres aux haies (l’espèce d’arbre ou la densité par exemple), et impose un cahier des charges pour leur entretien. « C’est un véritable label », affirme Catherine Brunel, animatrice du GVA de Tessy. La Chambre d’agriculture accompagnera, en dernier lieu, le groupe d’agriculteurs dans la rédaction d’un argumentaire, qui permettra ensuite aux agriculteurs de chercher des entreprises locales potentiellement intéressées par l’achat de crédits carbone. Sur ce point, Catherine Brunel se montre optimiste, les agriculteurs bénéficiant d’un réseau local riche, à travers leur entourage ou via des partenariats datant d’évènements passés.

Le partage d’expérience pour apaiser les inquiétudes

Deux réunions d’information ont déjà eu lieu depuis la création du projet. Catherine Brunel l’admet, les agriculteurs ont eu quelques inquiétudes. « C’est le cahier des charges de Carbocage qui a le plus posé problème, assure-t-elle, il est plus contraignant que la législation sur les haies ». Des solutions aux obstacles rencontrés ont déjà émergé. « Alors qu’il y avait des inquiétudes sur l’obligation de mettre en place des clôtures autour des haies, il s’est trouvé qu’un agriculteur du groupe le faisait déjà. Il a pu expliquer aux autres comment il procédait », explique-t-elle. Un atelier de formation à la plantation d’arbres est par ailleurs prévu en décembre, à la demande des agriculteurs.

240€ espérés par km de haie par an

D’après le prix fixé par Carbocage, les agriculteurs pourraient bénéficier d’une compensation moyenne de 240€ par km et par an. Un moyen de rémunérer l’entretien de leurs haies, qui « est un élément de paysage faisant partie du patrimoine de la région », rappelle Catherine Brunel. Cette somme s’ajoute à la vente du bois issu des haies qui n’entreront pas dans la valorisation carbone, ainsi que du bois de taille. Les agriculteurs de la région le commercialisent depuis peu à un réseau de chaleur, qui chauffe des bâtiments locaux.

Une démarche déjà adoptée dans la région

Le GVA de Tessy n’est pas le premier groupe d’agriculteurs à se diriger vers le chemin du carbone. Depuis deux ans, la Chambre d’agriculture de la Manche accompagne un GIEE de 7 agriculteurs ayant conventionné 65km de haies, auprès du Conseil départemental de la Manche. La quantité de carbone stockée estimée est de 1950 tonnes sur les dix années de durée du contrat. Les agriculteurs du GVA de Tessy espèrent s’inscrire dans la continuité de ce projet.

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