Des champignons au secours de la lavande

27 novembre 2018 - La rédaction 
Le projet de recherche Mycolav mise sur la symbiose entre champignons et racines pour lutter contre le phytoplasme du Stolbur, qui menace les cultures de lavande.

Quand les champs de lavande dépérissent, toute la Provence s’inquiète. Le Sud de la France est le deuxième producteur mondial de la célèbre fleur mauve avec 20 000 hectares de culture. Plus de 9 000 emplois directs dépendent de cette activité. Or la cicadelle, un petit insecte ravageur, pique les plants et leur transmet le phytoplasme du Stolbur, une bactérie qui les condamne en trois mois.

Faire face sans pesticides ni antibiotique

« Cette maladie est connue depuis longtemps. Mais le phénomène s’accélère en raison du réchauffement climatique. Lavande et lavandin subissent davantage de stress hydriques et l’insecte se développe grâce à la chaleur », souligne Olivier Bagarri, directeur de l’Université européenne des senteurs & saveurs (UESS), centre de formation et de valorisation du végétal aromatique de Folcaquier dans les Alpes-de-Haute-Provence.

Soucieux de la survie des abeilles, de la réglementation et de leur réputation, les producteurs cherchent des alternatives aux pesticides et aux antibiotiques. Les méthodes de lutte biologique comme les semis directs de lavandes, l’enherbement des inter-rangs, la pulvérisation d’argile ou la sélection de plants… ne sont pas satisfaisantes à 100 %. Les toiles anti-insectes fonctionnent, mais leur usage est délicat sur de grandes surfaces.

Mycophyto, start-up à la pointe de la mycorhization

Philosophe, Olivier Bagarri fait le bilan des dernières tentatives : « Nous ne pouvons pas éradiquer le mal, mais apprendre à le contenir… » Le projet Mycolav s’inscrit dans cette conception de lutte raisonnée en symbiose avec la nature. Il s’agit d’utiliser les champignons mycorhiziens à arbuscules (CMA). Leur présence dans le système racinaire renforce la plante, qui absorbe mieux l’eau et les nutriments, et résiste aux différents stress (salinité, pollution par les métaux lourds…).

Marie-Noëlle Binet, chercheuse spécialiste des champignons au laboratoire d’écologie alpine (LECA), a su convaincre les producteurs. Encore fallait-il produire un terreau riche en champignons et « l’inoculer » aux racines. Cette mission a été confiée à la start-up Mycophyto, basée à Sophia-Antipolis (Alpes-Maritimes). Sa fondatrice, Justine Lupima, a reproduit les champignons utiles aux plants de lavande pour en faire un humus très riche.

Trois années de test

Pour « inoculer », il faut séparer chaque racine et les mettre en contact avec le terreau. Les mini-mottes furent plantées en septembre 2018 dans des parcelles situées sur les plateaux d’Albion et à Valensole en Provence. « Actuellement, nous constatons que les boutures mycorhizées poussent plus vite que celles qui ne le sont pas (elles sont mélangées NDLR), assure Olivier Bagarri. En février le CNRS identifiera les espèces de champignons qui ont survécu et dressera leur carte d’identité. » Le projet prévoit de suivre la croissance pendant trois ans et de récolter une première fois, afin de produire de l’huile essentielle. « Si les résultats sont concluants, il faudra passer de l’échelle du laboratoire à la phase industrielle et démontrer la rentabilité de la méthode ce qui n’est pas gagné. »

Mycolav, dont le coût est estimé à plus de 206 000 euros, est pour l’heure cofinancé par le Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader) et par le conseil régional Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Marie Nicot

Des champignons au secours de la lavande

- La rédaction 
Le projet de recherche Mycolav mise sur la symbiose entre champignons et racines pour lutter contre le phytoplasme du Stolbur, qui menace les cultures de lavande.

Quand les champs de lavande dépérissent, toute la Provence s’inquiète. Le Sud de la France est le deuxième producteur mondial de la célèbre fleur mauve avec 20 000 hectares de culture. Plus de 9 000 emplois directs dépendent de cette activité. Or la cicadelle, un petit insecte ravageur, pique les plants et leur transmet le phytoplasme du Stolbur, une bactérie qui les condamne en trois mois.

Faire face sans pesticides ni antibiotique

« Cette maladie est connue depuis longtemps. Mais le phénomène s’accélère en raison du réchauffement climatique. Lavande et lavandin subissent davantage de stress hydriques et l’insecte se développe grâce à la chaleur », souligne Olivier Bagarri, directeur de l’Université européenne des senteurs & saveurs (UESS), centre de formation et de valorisation du végétal aromatique de Folcaquier dans les Alpes-de-Haute-Provence.

Soucieux de la survie des abeilles, de la réglementation et de leur réputation, les producteurs cherchent des alternatives aux pesticides et aux antibiotiques. Les méthodes de lutte biologique comme les semis directs de lavandes, l’enherbement des inter-rangs, la pulvérisation d’argile ou la sélection de plants… ne sont pas satisfaisantes à 100 %. Les toiles anti-insectes fonctionnent, mais leur usage est délicat sur de grandes surfaces.

Mycophyto, start-up à la pointe de la mycorhization

Philosophe, Olivier Bagarri fait le bilan des dernières tentatives : « Nous ne pouvons pas éradiquer le mal, mais apprendre à le contenir… » Le projet Mycolav s’inscrit dans cette conception de lutte raisonnée en symbiose avec la nature. Il s’agit d’utiliser les champignons mycorhiziens à arbuscules (CMA). Leur présence dans le système racinaire renforce la plante, qui absorbe mieux l’eau et les nutriments, et résiste aux différents stress (salinité, pollution par les métaux lourds…).

Marie-Noëlle Binet, chercheuse spécialiste des champignons au laboratoire d’écologie alpine (LECA), a su convaincre les producteurs. Encore fallait-il produire un terreau riche en champignons et « l’inoculer » aux racines. Cette mission a été confiée à la start-up Mycophyto, basée à Sophia-Antipolis (Alpes-Maritimes). Sa fondatrice, Justine Lupima, a reproduit les champignons utiles aux plants de lavande pour en faire un humus très riche.

Trois années de test

Pour « inoculer », il faut séparer chaque racine et les mettre en contact avec le terreau. Les mini-mottes furent plantées en septembre 2018 dans des parcelles situées sur les plateaux d’Albion et à Valensole en Provence. « Actuellement, nous constatons que les boutures mycorhizées poussent plus vite que celles qui ne le sont pas (elles sont mélangées NDLR), assure Olivier Bagarri. En février le CNRS identifiera les espèces de champignons qui ont survécu et dressera leur carte d’identité. » Le projet prévoit de suivre la croissance pendant trois ans et de récolter une première fois, afin de produire de l’huile essentielle. « Si les résultats sont concluants, il faudra passer de l’échelle du laboratoire à la phase industrielle et démontrer la rentabilité de la méthode ce qui n’est pas gagné. »

Mycolav, dont le coût est estimé à plus de 206 000 euros, est pour l’heure cofinancé par le Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader) et par le conseil régional Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Marie Nicot

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