Glyphosate dans les urines, la variabilité des résultats selon la méthode utilisée se confirme

5 novembre 2019 - Eloi Pailloux 
Le feuilleton ne semble pas devoir s'arrêter de sitôt. Deux journalistes du Mensuel du Morbihan mettent en avant les divergences de résultats selon la méthode utilisée pour détecter le glyphosate dans leurs urines. Alors qu'opposants et défenseurs de la molécule campent sur leurs positions, les pouvoirs publics se gardent de prendre parti.

Campagne glyphosate organise des prélèvements d’urines partout sur le territoire français. Mais le protocole d’analyse utilisé, pour détecter le glyphosate, fait débat.

« Elisa » contre « chromatographie ». La comparaison entre ces deux méthodes de détection du glyphosate dans les urines fait de plus en plus réagir. Deux journalistes de la revue le Mensuel du Morbihan ont souhaité tester sur eux-mêmes les deux protocoles. Les résultats s’avèrent divergents. Avec un test Elisa, pratiqué notamment par les organisateurs de « Campagne glyphosate », qui vise à alerter sur l’omniprésence de la molécule chez les citoyens, ils sont positifs à hauteur de 0,9 et 2,48 nanogramme par millilitre. Avec un test par chromatographie, notamment utilisé par des agriculteurs du Morbihan en septembre, les mêmes urines se trouvaient sous le seuil de détection, soit moins de 0,05 ng/ml. Des conclusions différentes qui font écho à celle que tirait un agriculteur de la Vienne, mi-octobre, après avoir également soumis son urine aux deux types de test.

Campagne glyphosate ne doute pas de sa méthode

Dans ce contexte, certaines voix commencent à mettre en cause le laboratoire BioCheck, qui réalise les analyses pour Campagne glyphosate. Alors que le test Elisa est considéré comme moins robuste que la chromatographie par certains spécialistes, la posture de l’une des fondatrices de BioCheck, partisane de l’interdiction de la molécule, est notamment pointé du doigt. Pour Dominique Masset, coordinateur national la Campagne glyphosate, pas question de renier son prestataire de service.

« Nous avons choisi ce laboratoire allemand pour garantir une indépendance vis-à-vis de certains lobbies français », affirme-t-il. Par ailleurs, selon lui, l’absence de détection systématique avec la chromatographie est « a minima questionnant, voire même inquiétant, car aucune étude scientifique n’a jamais présenté uniquement des résultats négatifs sur la présence de glyphosate ». La tendance est donc simple : chaque « camp » estime sa méthodologie fiable, et doute de celle de ses opposants…

Le gouvernement marche sur des œufs

Dominique Masset, enfin, veut croire que l’échantillon de 6000 prélèvements effectués par son mouvement pèse plus lourd que les quelques dizaines de tests réalisés par chromatographie récemment. « Notre mouvement vise avant tout à alerter les pouvoirs publics, rappelle-t-il. Et à les inciter à trancher eux-mêmes cette controverse. »

Pour le moment, le gouvernement se garde de réagir à la polémique, laissant le soin à la « task force glyphosate » lancée en 2018 de construire une stratégie pour l’agriculture française sans la molécule. Si l’objectif initial était de « sortir » du glyphosate en 2020 en France, le préfet Pierre-Étienne Bisch, président de cette task force, se veut plus nuancé et se tourne vers l’Union européenne. Interrogé par Campagnes et environnement, il précise : « Il faut sortir de l’idée d’une « alternative nationale », franco-française. J’interprète l’objectif fixé par le président, pour 2020, comme un cap, un moyen de fédérer et d’être prêt à toute éventualité en 2022, si l’Europe dit stop. »

6 commentaires sur “Glyphosate dans les urines, la variabilité des résultats selon la méthode utilisée se confirme

  1. Amusant, ça ! Il me semble que des bonnes pratiques de laboratoire (BPL) sont définies au niveau européen pour les tests préalables à l’autorisation de mise sur le marché (AMM).
    Pourquoi ne pas s’y tenir ?
    Du coup, cette querelle jette aussi un doute sur la validité de ces procédures de tests… et sur leurs conclusions ?

  2. Amusant, ça ! Il me semble que des bonnes pratiques de laboratoire (BPL) sont définies au niveau européen pour les tests préalables à l’autorisation de mise sur le marché (AMM).
    Pourquoi ne pas s’y tenir ?
    Du coup, cette querelle jette aussi un doute sur la validité de ces procédures de tests… et sur leurs conclusions ?

  3. Doit-on faire confiance au test (CHU Français) plus long qui recherche la molécule proprement dite ou celui plus rapide (biocheck Allemand) qui cherche des anticorps qui réagissent au glyphosate mais pas seulement? moi je fais plus confiance au premier.

  4. Doit-on faire confiance au test (CHU Français) plus long qui recherche la molécule proprement dite ou celui plus rapide (biocheck Allemand) qui cherche des anticorps qui réagissent au glyphosate mais pas seulement? moi je fais plus confiance au premier.

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