La Commission européenne veut « revoir le chapitre environnemental de la Pac »

7 août 2018 - Eloi Pailloux 
Comment harmoniser les pratiques agricoles des 26 pays de l'Union européenne à partir de 2020 ? Bruxelles a présenté sa vision de la prochaine Politique agricole commune (Pac) début juin. Retour sur ses contours avec Pierre Bascou, directeur « durabilité et aide au revenu » à la Direction générale de la Commission européenne.

La Politique agricole commune de l’Union européenne, dans sa mouture actuelle, est amenée à évoluer. Génératrice de soutiens financiers pour les agriculteurs européens, elle constitue un levier pour faire évoluer leurs pratiques vers davantage de durabilité. Bruxelles a proposé, début juin, sa vision de la Pac post-2020. Pierre Bascou, directeur « durabilité et aide au revenu » à la Direction générale de la Commission européenne, a présenté cette vision lors d’un colloque à Paris, fin juin.

Des États membres responsabilisés

« Jusqu’ici, le ‘verdissement’, c’est-à-dire les règles mises en place pour plus d’environnement dans la Pac, n’a pas fonctionné comme prévu », avance-t-il. La Commission suggère donc de responsabiliser davantage les États membres sur le chapitre environnemental, chacun étant laissé libre d’établir les critères de durabilité à respecter par les agriculteurs pour bénéficier des soutiens de l’Europe.

Une formule critiquée, et qualifiée de « renationalisation de la Pac » par divers acteurs du monde agricole. Ce que Pierre Bascou réfute. « Il s’agit de donner plus de sens à la Pac. Piloter toute l’agriculture européenne depuis Bruxelles n’a pas de sens. Nous avons passé des semaines entières à négocier la hauteur des haies à implanter entre les parcelles, pour aboutir à des mesures identiques à Malte ou au Danemark. Les agriculteurs ne comprennent pas cette logique. Adapter le critère environnemental localement va recrédibiliser la Pac. »

Conclure les négociations rapidement

À ceux qui craignent qu’un tel dispositif « à la carte » accouche d’interprétations trop différentes entre un pays à sensibilité « verte » et un pays dont la priorité économique, Pierre Bascou répond : « Pour garantir leur efficacité environnementale, les mesures choisies par les États membres seront suivies et évaluées grâce à des indicateurs par la Commission. »

Enfin, nombre d’observateurs estiment que l’empressement de Bruxelles à finaliser la Pac post-2020 n’est pas propice à la négociation. Et réclament de faire de cette Pac un enjeu des élections européennes de 2019. « Pour une politique opérationnelle en 2020, nous devons commencer à travailler dès maintenant, et conclure les travaux avec le Parlement actuel. Une fois élus, les nouveaux eurodéputés pourraient vouloir revoir entièrement le projet, ce qui nous ferait perdre des mois, voire des années. »

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