La convention citoyenne pour le climat livre ses conclusions, le secteur agricole déçu

25 juin 2020 - Laure Hänggi 
Les 150 membres de la Convention citoyenne pour le climat ont transmis, le 21 juin, leurs propositions au Président de la République, qui doit les recevoir le 29 juin, pour faire savoir la suite qu’il compte donner à ces travaux. Près d’un tiers des préconisations concernent le secteur agricole, mais les agriculteurs regrettent des mesures en décalage avec leur quotidien.

La période est décidément celle des consultations citoyennes. Après celle sur l’environnement de la plateforme Make.org, ou celle concernant la future Pac, l’initiative dédiée au climat a également présenté ses conclusions. Fruit de huit mois de travaux, les 150 propositions devant permettre de réduire d’au moins 40 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, par rapport à 1990, ont été transmises au Président de la République, Emmanuel Macron, le 21 juin. 43 d’entre elles concernent la thématique « Se nourrir ».

Moins de pesticides, plus de végétal

En ce qui concerne le secteur agricole, pas de surprise, la question de la réduction de l’utilisation des pesticides est en première ligne.  L’objectif fixé est de – 50 % d’ici à 2025, conformément au Plan Ecophyto II+. La convention va néanmoins plus loin en se prononçant pour l’interdiction des pesticides les plus toxiques en 2035, ce qui nécessiterait le développement d’alternatives, encore inexistantes aujourd’hui. De manière plus générale, les membres de la Convention souhaitent que la moitié des exploitations suivent un modèle agroécologique en 2040, mais sans donner plus de détails sur ce que cela sous-entend. Des mesures sont également attendues pour favoriser le développement de l’agriculture biologique ou des filières protéagineuses, et la rémunération des services rendus par les agriculteurs. Des sujets dans l’air du temps, le Gouvernement ayant fixé comme objectif les 15 % des surfaces agricoles en bio en 2022 (pour 7,5 % aujourd’hui) et alors qu’un Plan protéines végétales est attendu à la rentrée prochaine. Enfin, les membres de la Convention souhaiteraient que soient construits des outils pour mieux suivre la mise en place de la loi Egalim, notamment dans la restauration collective, via la création d’un Observatoire par exemple.

Déception chez les agriculteurs

Si du côté des ONG, ces annonces ont plutôt été saluées, les réactions au sein du secteur agricole témoignent du fossé existant encore entre les agriculteurs et une partie du grand public. Pour Jean-Baptiste Moreau (LaREM), agriculteur et rapporteur de la loi Égalim, ces propositions témoignent d’une « vision déformée » de l’agriculture française, qui « doit certainement faire mieux », mais dont certaines mesures présentées menaceraient de « provoquer à coup sûr sa disparition pure et simple ». De nombreux autres agriculteurs sur les réseaux sociaux regrettent également le manque de connaissances des citoyens concernant le secteur agricole. L’absence de mise en avant des efforts des agriculteurs, de la modernité du métier, ou des impasses techniques est largement regrettée. Les 150 membres de la Convention seront reçus le 29 juin par Emmanuel Macron. Rien n’est encore fait, mais le Président s’était néanmoins engagé en janvier dernier à reprendre ses mesures.

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