La santé et l’environnement malmenés par la « malbouffe »

4 octobre 2018 - Laure Hänggi 
Un rapport parlementaire, rendu public le 26 septembre, alerte sur les effets désastreux de la « malbouffe » sur la santé et l'environnement. Les produits ultra-transformés et le système industriel tirant les prix vers le bas sont particulièrement pointés du doigt. Les projets alimentaires territoriaux (PAT) font partie des actions encouragées par le document.

Créée en mars dernier, la commission d’enquête sur l’alimentation industrielle a présenté à l’Assemblée nationale, le 26 septembre, son rapport sur le phénomène. Fruit d’un travail de six mois et de près de 40 auditions, le document souligne le changement des habitudes individuelles (moins de temps et d’argent consacré à l’alimentation), mais aussi la perte de sens croissante pour les agriculteurs (lien abîmé avec la société, prix toujours plus bas, etc), pour expliquer l’essor de l’alimentation industrielle.

Un enjeu majeur de santé publique

Le rapport insiste notamment sur le rôle prédominant de la « malbouffe » dans « le développement exponentiel » des maladies chroniques en France. D’après les travaux du chercheur Anthony Fardet de l’Inra, en 2010, 36 % des décès seraient attribuables directement ou indirectement à une mauvaise alimentation (respectivement 24 % pour les maladies cardiovasculaires, 10 % pour le cancer et 2 % pour le diabète).

Selon de récentes études, la mauvaise alimentation serait, de fait, la première cause de mortalité en France, comme l’expose le document. Les produits ultra-transformés seraient responsables de la création du « terrain favorable » à ces affections. L’étude scientifique de référence NutriNet-Santé associe à la consommation de ce type d’aliments un risque global plus élevé de cancer de 6 à 18 %.

« Un système low-cost destructeur de biodiversité »

Autre risque mis en relief, celui pesant sur la durabilité et l’environnement. Le rapport rappelle ainsi que l’alimentation est le troisième facteur d’empreinte carbone des ménages, avec 16 % des émissions. Plus spécifiquement, les « fortes pressions environnementales » des plats préparés, découlant de « volumes d’emballages élevés et une forte consommation d’énergie nécessaire à leur élaboration et à leur conservation », sont signalisées. Les sodas et eaux en bouteille sont également à l’origine d’une importante utilisation d’hydrocarbures (transport) et d’émissions élevées de gaz à effet de serre.

Vers une transition de « l’assiette au champ »

Pour répondre à ces enjeux, le rapport plaide pour une « révolution du cadre alimentaire ». Sont ainsi cités le scénario prospectif « Afterres 2050 » – visant les 50 % de production globale en bio en 2050 – ou le scénario Tyfa (ten years for agroecology) – démontrant qu’un modèle agro-écologique pourrait nourrir les Européens à l’horizon 2050. Enfin, le rapport reconnaît l’amorce de transition amorcée dans les territoires, notamment à travers les projets alimentaires territoriaux (PAT). Ceux-ci pourraient « constituer un bon moyen de reconnexion entre agriculture et alimentation au niveau d’un territoire ». Le rapport encourage le soutien et l’accompagnement de l’élaboration de ces projets, « afin de faciliter leur éligibilité à des fonds européens. »

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