Le bio sans élevage, possible selon Solagro

28 juillet 2021 - Laure Hänggi 
Alors que le nombre de végétariens en France continue de grimper, tout comme le marché de l’agriculture biologique, la question de la possibilité de produire bio sans élevage se pose. Dans son rapport intitulé « La place de l’élevage face aux enjeux actuels », inscrit dans son scénario « Afterres2050 », le groupe Solagro s'est penché sur le sujet. Leur réponse est positive.

Les effluents d’élevage sont aujourd’hui largement utilisés comme source organique d’azote dans les exploitations d’agriculture biologique. Mais serait-il possible de maintenir ces productions sans avoir recours à l’élevage ? Oui, affirme Solagro, dans son article « La place de l’élevage face aux enjeux actuels », appartenant au rapport « Afterres 2050 », qui imagine l’agriculture à cet horizon. En effet, un apport d’azote suffisant pour le sol peut être obtenu par d’autres moyen que le recours à un cheptel sur l’exploitation, ou l’utilisation d’engrais de synthèse, interdits en bio.

Les légumineuses, clé de l’apport azoté

Dans un système ne comportant pas d’élevage, l’azote peut être fourni par des légumineuses. Ces dernières sont les seules plantes capables de réaliser la fixation de l’azote de l’air (N2), grâce à une relation symbiotique au niveau de leurs racines. C’est le principe de « fumier vert » qui est utilisé en agriculture bio sans élevage. Il ressemble à ce qui est pratiqué en présence de cheptel, où une partie de l’assolement est réservée à des légumineuses, qui servent de nourriture aux animaux fertilisant les surfaces cultivées. La seule différence est qu’en culture bio sans élevage, les légumineuses en rotation sont laissées sur place et utilisées comme engrais vert, source importante d’azote pour le sol.

La présence d’un élevage nécessite davantage de terres

Le rapport affirme par ailleurs que le bio sans élevage est moins demandeur d’espace. En effet, dans un système contenant de l’élevage, une partie de l’azote présent dans le sol se retrouve ensuite dans la viande ou le lait produits, et quitte donc le système. Au contraire, dans un système purement cultural, la totalité de l’azote potentiellement présent dans le sol, est conservée, et la surface cultivée en légumineuse peut donc être moindre.  « Il faut compter environ un hectare de légumineuses, type luzerne, pour assurer les apports d’azote de un hectare de céréales, avec un rendement en blé bio de l’ordre de 40 quintaux. Si l’on ajoute des vaches, il faut compter environ deux hectares de légumineuses pour un hectare de céréales. »

Solagro rappelle par ailleurs que l’utilisation des légumineuses est intéressante dans la lutte contre les adventices.

10 commentaires sur “Le bio sans élevage, possible selon Solagro

  1. La suggestion de Solagro est absurde, Le fondement de l’agriculture biologique repose sur les 3 éléments essentiels (sol, animal et plante) indispensable au maintien des équilibres. En effet la succession de production de légumineuses dans la rotation a montré une dégradation des teneurs en Phosphore des sols. De plus, l’origine exclusivement végétale de l’azote désorganise la faune du sol et induit la prolifération de plantes indésirables.

  2. La suggestion de Solagro est absurde, Le fondement de l’agriculture biologique repose sur les 3 éléments essentiels (sol, animal et plante) indispensable au maintien des équilibres. En effet la succession de production de légumineuses dans la rotation a montré une dégradation des teneurs en Phosphore des sols. De plus, l’origine exclusivement végétale de l’azote désorganise la faune du sol et induit la prolifération de plantes indésirables.

  3. Dommage que l’article ne mentionne pas la comparaison au niveau émission de carbone entre un système bio avec élevage et sans. Il me semble que celui sans élevage aurait tendance à émettre plus de CO2 ?
    D’autre part, en 3 ans de luzerne broyée, on augmente certes le capital azote et MO, mais un peu moins le capital d’exploitation …
    Bref, je trouve tout ceci un peu sortit de son contexte, et peu réaliste.

  4. Dommage que l’article ne mentionne pas la comparaison au niveau émission de carbone entre un système bio avec élevage et sans. Il me semble que celui sans élevage aurait tendance à émettre plus de CO2 ?
    D’autre part, en 3 ans de luzerne broyée, on augmente certes le capital azote et MO, mais un peu moins le capital d’exploitation …
    Bref, je trouve tout ceci un peu sortit de son contexte, et peu réaliste.

  5. Le présupposé de la fiche qui a été reprise dans cet article est : l’agriculture biologique, si elle veut être vraiment agroécologique, doit se passer d’élevage parce que celui ci est dénoncé comme un des principaux facteurs du changement climatique ou comme étant moralement inacceptable.

    Bien sûr qu’il faut réduire autant que possible les émissions de méthane de l’agriculture, et donc de l’élevage, d’autant que plus on tarde pour diminuer nos GES globaux, plus cette réduction s’imposera (cf COP26), car la durée
    de vie de NH4 n’est que de 15 ans, et donc aura un effet rapide.
    Avec le péril climatique, si on prend un peu de recul, ce n’est pas tant le fait que les engrais de synthèse soient interdits en bio qui doit être le départ de la réflexion, mais c’est le constat, en amont, que N2O est à peu près au même niveau que NH4 dans les émissions de GES de l’agriculture française.

    Donc, se passer de l’azote de synthèse, principal émetteur de N2O, doit être un objectif prioritaire si on veut arriver à réduite fortement nos émissions.
    Sans parler des nitrates dans l’eau et des NOx dans l’air qui sont les autres dégâts collatéraux de l’azote minéral (sans parler de Beyrouth). Leurs effets sont importants, même si on en parle peu, car ils sont souvent masqués par la concentration des élevages en Bretagne, et par les transports en ville.

    >On en arrive donc à la bio, qui est effectivement la seule à s’interdire les engrais de synthèse, donc à même de répondre rapidement à ce problème.

    Ce qui la justifie complètement comme étant une des, sinon la seule agriculture de demain. Mais la bio pose comme principe le cycle sol-plante-animal-sol

    Dans l’optique de sa généralisation, on peut déjà faire les remarques suivantes sur l’article, sans rentrer dans le débat de savoir si il serait souhaitable de se passer d’élevage en bio :

    – La plus grosse critique qu’on peut amener à cette fiche, reprise par l’article, c’est qu’elle laisse entendre, sciemment ou pas, que sans élevage veut dire sans fertilisation à base de produits animaux.
    Dans le Casdar RotAB, cité comme preuve de la possibilité de d’avoir des GC bio sans élevage, une seule des 8 fermes étudiées se passe de produits animaux.
    Dans la réalité des fermes bios françaises, les systèmes de grandes cultures qui se passent d’apports de produits animaux sont extrêmement rares. C’est d’ailleurs bien pour ça qu’il y a eu RotAB: pour essayer de trouver des systèmes sans élevage qui soient reproductibles.
    Mais l’objectif du Casdar partait surtout du constat que la plupart des céréaliers qui sont susceptibles de passer en bio à l’avenir n’envisage pas de remettre de l’élevage sur leur ferme.
    Mais sans élevage ne veut pas dire sans produits animaux. Ces produits animaux peuvent être soit des déchets (farine de viande), soit des déjections (fientes, compost) produits par des élevages plus ou moins proches.

    – Si on regarde ce qu’il se passe chez les maraîchers bio, qui sont certainement les plus prédisposés à cultiver sans produits animaux, certains étant végés, le constat est à peu près le même.
    Dans ma région, Bio Centre anime un groupe technique qui rassemble la quasi totalité des maraichers bios, soit plus de 150. Sur ces 150, l’an dernier, seuls deux arrivaient à se passer de fertilisation à base de produits animaux.

    Le groupe travaille sur une fertilisation qui serait uniquement végétale, mais cela reste assez éloigné encore.

    -Avec les chiffres mêmes contenus dans l’étude, la difficulté d’avoir une fertilisation uniquement végétale en GC apparait assez vite. Il est dit qu’il faut un ha de luzerne enfouie pour produire un ha de blé, soit 50% de la surface. Dans un système bio traditionnel, on a environ 30% de la surface qui est consacrée à la luzerne ou autre fourrage. Ces ha sont valorisés, soit en vente de foin, soit pour nourrir l’élevage de ruminant associé. Mais en tous les cas, il y a une rémunération, qui peut servir pour partie à racheter du compost si la ferme est sans élevage.
    Mais consacrer 50% de sa SAU uniquement à fertiliser le reste est une gageure économique.
    -Faute de références fiables, je ne parlerais pas des fuites de nitrates derrière une luzerne où on aurait enfoui les coupes de l’année, mais sachant ce qu’elles sont avec juste la dernière coupe enfouie, je suis assez inquiet.

    Voilà quelques éléments qui me font dire que, faute en plus de reprendre les éléments de contextualisation et d’avertissement qu’il y a dans l’étude de Solagro, vous arrivez à faire un article qui induit les lecteurs totalement en erreur.

    Pour répondre au commentaire précédent, il est certain que si on compare un élevage ruminant 100% prairies permanentes en comptant le stockage de carbone et les haies, et une ferme de GC bio sans haie, avec apport de fientes, l’élevage doit être mieux. Mais ce ne doit pas être le cas général.

    De toute façon, les émissions de GES ne sont pas le seul élément à prendre en compte, même à 412ppm de CO2.

  6. Le présupposé de la fiche qui a été reprise dans cet article est : l’agriculture biologique, si elle veut être vraiment agroécologique, doit se passer d’élevage parce que celui ci est dénoncé comme un des principaux facteurs du changement climatique ou comme étant moralement inacceptable.

    Bien sûr qu’il faut réduire autant que possible les émissions de méthane de l’agriculture, et donc de l’élevage, d’autant que plus on tarde pour diminuer nos GES globaux, plus cette réduction s’imposera (cf COP26), car la durée
    de vie de NH4 n’est que de 15 ans, et donc aura un effet rapide.
    Avec le péril climatique, si on prend un peu de recul, ce n’est pas tant le fait que les engrais de synthèse soient interdits en bio qui doit être le départ de la réflexion, mais c’est le constat, en amont, que N2O est à peu près au même niveau que NH4 dans les émissions de GES de l’agriculture française.

    Donc, se passer de l’azote de synthèse, principal émetteur de N2O, doit être un objectif prioritaire si on veut arriver à réduite fortement nos émissions.
    Sans parler des nitrates dans l’eau et des NOx dans l’air qui sont les autres dégâts collatéraux de l’azote minéral (sans parler de Beyrouth). Leurs effets sont importants, même si on en parle peu, car ils sont souvent masqués par la concentration des élevages en Bretagne, et par les transports en ville.

    >On en arrive donc à la bio, qui est effectivement la seule à s’interdire les engrais de synthèse, donc à même de répondre rapidement à ce problème.

    Ce qui la justifie complètement comme étant une des, sinon la seule agriculture de demain. Mais la bio pose comme principe le cycle sol-plante-animal-sol

    Dans l’optique de sa généralisation, on peut déjà faire les remarques suivantes sur l’article, sans rentrer dans le débat de savoir si il serait souhaitable de se passer d’élevage en bio :

    – La plus grosse critique qu’on peut amener à cette fiche, reprise par l’article, c’est qu’elle laisse entendre, sciemment ou pas, que sans élevage veut dire sans fertilisation à base de produits animaux.
    Dans le Casdar RotAB, cité comme preuve de la possibilité de d’avoir des GC bio sans élevage, une seule des 8 fermes étudiées se passe de produits animaux.
    Dans la réalité des fermes bios françaises, les systèmes de grandes cultures qui se passent d’apports de produits animaux sont extrêmement rares. C’est d’ailleurs bien pour ça qu’il y a eu RotAB: pour essayer de trouver des systèmes sans élevage qui soient reproductibles.
    Mais l’objectif du Casdar partait surtout du constat que la plupart des céréaliers qui sont susceptibles de passer en bio à l’avenir n’envisage pas de remettre de l’élevage sur leur ferme.
    Mais sans élevage ne veut pas dire sans produits animaux. Ces produits animaux peuvent être soit des déchets (farine de viande), soit des déjections (fientes, compost) produits par des élevages plus ou moins proches.

    – Si on regarde ce qu’il se passe chez les maraîchers bio, qui sont certainement les plus prédisposés à cultiver sans produits animaux, certains étant végés, le constat est à peu près le même.
    Dans ma région, Bio Centre anime un groupe technique qui rassemble la quasi totalité des maraichers bios, soit plus de 150. Sur ces 150, l’an dernier, seuls deux arrivaient à se passer de fertilisation à base de produits animaux.

    Le groupe travaille sur une fertilisation qui serait uniquement végétale, mais cela reste assez éloigné encore.

    -Avec les chiffres mêmes contenus dans l’étude, la difficulté d’avoir une fertilisation uniquement végétale en GC apparait assez vite. Il est dit qu’il faut un ha de luzerne enfouie pour produire un ha de blé, soit 50% de la surface. Dans un système bio traditionnel, on a environ 30% de la surface qui est consacrée à la luzerne ou autre fourrage. Ces ha sont valorisés, soit en vente de foin, soit pour nourrir l’élevage de ruminant associé. Mais en tous les cas, il y a une rémunération, qui peut servir pour partie à racheter du compost si la ferme est sans élevage.
    Mais consacrer 50% de sa SAU uniquement à fertiliser le reste est une gageure économique.
    -Faute de références fiables, je ne parlerais pas des fuites de nitrates derrière une luzerne où on aurait enfoui les coupes de l’année, mais sachant ce qu’elles sont avec juste la dernière coupe enfouie, je suis assez inquiet.

    Voilà quelques éléments qui me font dire que, faute en plus de reprendre les éléments de contextualisation et d’avertissement qu’il y a dans l’étude de Solagro, vous arrivez à faire un article qui induit les lecteurs totalement en erreur.

    Pour répondre au commentaire précédent, il est certain que si on compare un élevage ruminant 100% prairies permanentes en comptant le stockage de carbone et les haies, et une ferme de GC bio sans haie, avec apport de fientes, l’élevage doit être mieux. Mais ce ne doit pas être le cas général.

    De toute façon, les émissions de GES ne sont pas le seul élément à prendre en compte, même à 412ppm de CO2.

  7. Bonjour,
    Je n’ai pas lu le commentaire avant le miens mais j’ai deux questions,
    vous écrivez “Il faut compter environ un hectare de légumineuses, type luzerne”,
    combien d’année doit rester en place cette luzerne pour être équivalente a l’engrais organiques des animaux ?
    et surtout sans animaux comme valorise t’on cette luzerne ?

  8. Bonjour,
    Je n’ai pas lu le commentaire avant le miens mais j’ai deux questions,
    vous écrivez “Il faut compter environ un hectare de légumineuses, type luzerne”,
    combien d’année doit rester en place cette luzerne pour être équivalente a l’engrais organiques des animaux ?
    et surtout sans animaux comme valorise t’on cette luzerne ?

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