Le centre de ressources génétiques "céréales à pailles"

1 février 2005 - La rédaction 
Le Centre de Ressources Biologiques (CRB) des céréales à pailles de Clermont-Ferrand regroupe les espèces majeures d’intérêt agronomique des genres Triticum (blé), Hordeum (orge), Secalae (seigle), Triticosecalae (triticale) et Avena (avoine), et leurs apparentées sauvages. Une partie des accessions conservées sont des ressources génétiques "patrimoniales" (variétés populations, lignées de sélections, lignées élites fixées), qui représentent environ 10 000 blés, 6 300 orges, 1 000 triticales, 800 avoines et 50 seigles. Le CRB gère également près de 10 000 accessions d’intérêt scientifique dédiées aux études de génomique ; il s’agit de tout un cortège de matériel scientifique : lignées porteuses de caractères particuliers comme des résistances aux maladies, matériel d’intérêt cytogénétique et moléculaire, population de cartographie génétique, mutants de délétion, etc.

La collection de blé : l’une des premières collections européennes

Les blés tendres représentent le plus gros des effectifs de ressources génétiques (près de 4000 sont d’origine française sur les 10 000). Cette collection rassemble la quasi-totalité des blés français, depuis les populations utilisées au XVIIIe siècle jusqu’aux variétés les plus récentes, permettant ainsi de retracer l’histoire française de la sélection sur cette espèce. Elle contient en outre des variétés et des lignées de sélection issues d’une soixantaine de pays étrangers, ce qui en fait l’une des premières collections européennes.

Les espèces sauvages apparentées autrefois maintenues et évaluées à Rennes, sont en cours d’intégration dans le dispositif de Clermont-Ferrand pour leur conservation et distribution.
Pour les blés durs, la collection est en cours de caractérisation et de multiplication à Montpellier, et sera transférée prochainement à Clermont-Ferrand. Le matériel végétal “blé scientifique”, dédié aux études cytologiques et de génomique, représente une part croissante des accessions conservées (6 500 à ce jour). Sur la totalité du matériel conservé à l’INRA de Clermont-Ferrand, environ 10% de ces collections sont intégrés dans le dispositif national de conservation des ressources génétiques des céréales à pailles (BRG-INRA-GEVES).

Pourquoi conserver la biodiversité ?

Ce centre de ressources génétiques a pour but de décrire, maintenir, et conserver la diversité parmi les différentes espèces de céréales à pailles, afin de la rendre rapidement disponible auprès des différents utilisateurs autant en France qu’à l’étranger (chercheurs, sélectionneurs privés ou publics, agriculteurs, associations…), sous forme d’envoi d’échantillons de semences. C’est également un outil précieux pour les chercheurs qui travaillent à l’amélioration des plantes et la création de variétés. Le blé Farandole (voir ci-dessous) est ainsi né du croisement de plusieurs lignées conservées dans les collections.

Historique de la mise en place du centre de ressources génétiques

Jusqu’en 1999, la gestion et la conservation des ressources génétiques des espèces céréalières de l’INRA étaient dispersées dans les diverses stations de l’INRA : Mons, Versailles, Rennes, Dijon, Montpellier et Clermont-Ferrand.
La mise en place du Centre de Ressources Génétiques Céréales à paille sur le site clermontois a débuté en 2000.
En 2001, la construction d’une cellule de séchage et d’une nouvelle chambre froide ainsi que l’aménagement d’un local technique spécifique a permis la constitution du centre de ressources génétiques. Chaque accession ou “ressource génétique” y est conservée sous forme d’échantillons de graines conditionnées, après séchage dans des sacs individualisés par un système de code-barre. Pour chaque accession, divers lots sont conservés afin d’assurer le maintien à long terme, mais aussi la distribution. Le rapatriement des ressources a commencé avec celles de blé tendre qui ont été totalement évaluées et multipliées sur la période 2000-2002. La totalité des avoines a également été évaluée sur la même période. Le travail se poursuit actuellement avec les orges et les derniers blés botaniques arrivés de Rennes. Ces regroupements s’achèveront en 2005 avec la venue des blés durs de Montpellier.

Épi de blé Farandole

Le blé tendre Farandole

Une variété rustique qui permet de concilier économie et environnement

La variété de blé Farandole a été créée à l’INRA de Dijon et inscrite en septembre 1999. Farandole, lignée sœur de Virtuose, est un blé tendre rustique, panifiable.
Farandole présente des qualités de rusticité (résistance au froid) et de résistance aux maladies telles que la septoriose, le piétin-verse et les rouilles. Testée dans le cadre d’une étude à grande échelle (pilotée par l’INRA, les sélectionneurs privés du GIE Club5 et Arvalis), Farandole, au même titre que le témoin rustique Oratorio, a montré son avantage économique et environnemental dans le cadre d’une utilisation d’itinéraires techniques plus économes en intrants chimiques (engrais et produits phytosanitaires).

Généalogie

A l’initiative de quelques pionniers, au premier rang desquels figure Gérard Doussinault, l’INRA a initié dès la fin des années 1960 un programme d’amélioration génétique du blé tendre visant à remplacer les traitements fongicides par l’utilisation de variétés résistantes aux maladies. Le début de la création de Farandole remonte à 1988 et repose sur l’utilisation de la biodiversité des collections de blé de l’INRA, permettant de choisir les géniteurs dotés des qualités recherchées. Quatre lignées issues de différentes stations INRA ont été choisies dans la collection : parmi elles, une lignée elle-même issue de croisements conférant une résistance au piétin-verse et possédant un gène de nanisme et la lignée Renan (dont un des parents possède également la résistance au piétin verse). Créée à l’INRA de Rennes, Renan est une variété très rustique que l’on redécouvre aujourd’hui en agriculture biologique, mais aussi en génomique car elle porte une région chromosomique originale de résistance à la fusariose.
Les inter-croisements de ces 4 lignées ont permis d’obtenir un hybride, qui a subi une première sélection sur la hauteur. Au cours des 7 années suivantes, les sélections ont porté sur des critères tels que : la résistance aux maladies, l’aspect de l’épi, l’homogénéité, le rendement. Les variétés rustiques représentaient 16.5% des 4.8 millions d’hectares de blé tendre lors de la récolte 2004 (enquête ONIC, juin 2004). Le couple variété rustique / conduite à intrants réduits (semis clair et assez tardif, pas d’apport d’azote au tallage, pas de régulateur de croissance, réduction de l’azote et des fongicides) pourrait être amené à se développer du fait de meilleures marges brutes et de l’évolution récente du positionnement de certains prescripteurs.

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