Développer des ingrédients pour la cosmétique, à partir de coproduits issus de l’agriculture : c’est l’objectif de la start-up Yifixia, créée en janvier 2022. Un premier produit devrait être commercialisé d’ici à la fin de l’année. Explications avec le fondateur de la jeune entreprise, Nicolas Gaboriaud-Kolar.
Après l’aéronautique, la cosmétique est le deuxième secteur exportateur en France. Un poids lourd de l’économie, qui doit composer avec des attentes croissantes, de la part des consommateurs, en matière de produits naturels. C’est dans ce contexte que Nicolas Gaboriaud-Kolar a créé, en janvier 2022, Yifixia. L’ambition de cette start-up, basée en Occitanie ? Valoriser les coproduits agricoles et agroalimentaires, en en extrayant des molécules, qui serviront à développer des ingrédients pour la cosmétique, alternatifs aux molécules chimiques de synthèse. « De plus en plus d’études paraissent sur la nocivité de certains ingrédients , souligne Nicolas Gaboriaud-Kolar. Des scandales ont aussi éclaté comme celui lié au paraben et le caractère de perturbation endocrinienne de certaines molécules qui interroge ». Dans ce contexte, la jeune pousse veut aller dénicher de nouvelles matières premières, au service du portefeuille des acteurs du secteur agro-alimentaire.
En rachetant des coproduits agricoles, Yifixia veut permettre aux exploitants d’accéder à un complément de revenu. Si les prix varient en fonction des achats, l’entreprise met en avant le chiffre de 2€/kg en moyenne, ce qui est bien plus élevé que le prix moyen d’une tonne de drêche de brasserie, autour de 67€/t. « Notre idée est d’acheter au prix le plus élevé possible, poursuit le fondateur de l’entreprise. Nous voulons amorcer un changement de paradigme, pour arrêter de considérer les agriculteurs comme des pollueurs, mais au contraire les voir comme des fournisseurs de matières premières à forte valeur ajoutée. » D’autant plus que la valorisation de ces produits nécessite des efforts de récupération et de stockage, par les exploitants, qui ont aussi un coût.
Si la valorisation des coproduits reste une activité de niche, la dynamique commence à prendre. Selon Nicolas Gaboriaud-Kolar, des coopératives agricoles commenceraient ainsi à s’interroger sur cet enjeu, et la création d’autres débouchés que l’alimentation animale pour leurs coproduits. Pour y répondre, la start-up propose aussi une activité de conseil. Quatre projets de collaboration avec des acteurs des secteurs agricoles et agroalimentaires seraient ainsi dans les tuyaux. Le fondateur de Yifixia annonce également, courant 2023, « un gros projet avec des agriculteurs ».
Côté offre, un produit serait en phase de test. Sa commercialisation devrait être effective pour la fin de l’année. Quatre autres produits seraient en phase de développement. La jeune pousse bénéficie déjà de nombreux soutiens. Elle a obtenu, fin 2022, un prêt d’honneur de la part du fonds Créalia et une bourse french tech délivrée par la BPI. Elle espère également recevoir la reconnaissance de “société commerciale de l’économie sociale et solidaire”, ce qui en ferait la première entreprise de chimie verte à être ainsi reconnue en France.
Yifixia propose des excipients, pour l’industrie cosmétique, fabriqués à partir de molécules issues de coproduits agricoles. Mais comment cela fonctionne-t-il ? « Nous souhaitons avoir des procédés respectueux de l’environnement, explique Nicolas Gaboriaud-Kolar, le fondateur de l’entreprise. Nous avons ainsi recours à des solvants verts et des technologies d’éco extraction comme des ultrasons, etc. »