Gestion de l’eau, jongler entre consommation et économie

6 juillet 2017 - Gaelle Gaudin 
La gestion quantitative de la ressource en eau s’inscrit dans un cadre européen et national. L’objectif est de garantir le bon fonctionnement des milieux aquatiques, face aux changements climatiques.

L’agriculture est le quatrième utilisateur d’eau. L’irrigation concerne 7,3 % des volumes prélevés en 2013(1), derrière le refroidissement des centrales de production d’électricité (55 %), l’eau potable (14,5 %) et l’alimentation des canaux pour la navigation (14,5 %). Toutefois, l’exploitant n’est pas libre de consommer de l’eau pour ses cultures comme bon lui semble. Les prélèvements sont notamment encadrés par la loi sur l’eau de 2006, une déclinaison nationale de la directive cadre européenne sur l’eau de 2000.

Gérer durablement

 width=« Cette réglementation a introduit des objectifs de bon état de l’eau, explique Bernard Lacroix, ingénieur au service irrigation et gestion de l’eau à Arvalis-Institut du végétal. L’ambition est de régir durablement la ressource et éviter la gestion de crise avec le recours aux arrêtés de restrictions d’eau. » Dans chaque bassin, le Sdage(2) définit aux points nodaux des débits d’objectifs d’étiage (DOE) des cours d’eau, en dessous desquels une situation d’alerte est déclenchée avec des seuils de restriction jusqu’aux débits de crise. À ce niveau,  tous les prélèvements sont interdits sauf l’eau potable.

Dans les zones de répartitions des eaux (ZRE), où les ressources sont structurellement insuffisantes par rapport aux besoins, les préfets définissent des volumes prélevables pour l’irrigation. L’organisme unique de gestion collective (OUGC) a alors la charge de répartir cette quantité entre les irrigants. Ce rôle est souvent attribué aux chambres d’agriculture. 26 OUGC ont été désignés sur 129 périmètres.

L’évolution du climat change la donne

Quid de l’impact du changement climatique ?  Il influe à la fois sur la limitation de la ressource, sur l’augmentation des besoins des cultures et la vulnérabilité des milieux. Le plan national d’adaptation au changement climatique 2011-2015, auquel devrait succéder un second plan, prévoyait d’économiser 20 % de l’eau prélevée hors stockage d’eau d’hiver d’ici à 2020. Il soutient les actions visant à mieux utiliser l’eau : diversification des assolements, variétés plus précoces, efficacité de l’irrigation, réutilisation des eaux usées traitées, etc. Par ailleurs, les irrigants demandent le renforcement du stockage de l’eau en hiver pour l’utiliser en été. Le moratoire sur les financements des retenues a été levé le 4 juin 2015. Elles doivent être intégrées dans un projet de territoire, accepté par l’ensemble des parties prenantes, et qui favorise l’économie d’eau. Les premiers projets ont été approuvés .

(1) Source : Banque nationale des prélèvements quantitatifs en eau (BNPE)
(2)
Sdage : schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux  établis à l’échelle des bassins d’Agence

1,57 Mha de cultures irriguées en 2010

  • Maïs : 41 %
  • Céréales et oléoprotéagineux : 26 %
  • Vignes, fruits et légumes : 16 %
  • Cultures fourragères : 11 %
  • Betteraves et pommes de terre : 6 %

Données : Recensement général agricole 2010 – Traitement : Irrigants de France 2014

 


Jean-Paul Renoux, agronome expert maïs, co-auteur du livre Dix clés pour comprendre l'irrigation en agriculture

« En France, 1800 m3/ha et par an sont utilisés pour l'irrigation alors que dans le monde, ce ratio monte à 7700 m3/ha/an. La France est le pays le plus efficient grâce à l'irrigation par aspersion laquelle concerne 90 % des surfaces. La pression sur la ressource en eau est de 14 % en Asie, 4 % aux États-Unis, 1 % en Europe et 0,5 % en France. »

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