Surveiller chèvres et moutons

20 mars 2005 - La rédaction 
De nombreuses questions se posent suite à la révélation par la Commission européenne de la suspicion d’une souche ESB (encéphalopathie spongiforme bovine) détectée chez une chèvre abattue en France en 2002. La vigilance reste de mise, tant chez la chèvre que chez le mouton.

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L’ESB peut être transmise aux chèvres et aux moutons. D’où l’importance de renforcer la vigilance sur ces espèces.

Les sources de contamination potentielles de l’ESB, c’est-à-dire les farines animales, sont interdites en France depuis 2001 pour toutes les espèces animales. Or, une chèvre abattue en 2002 présente une suspicion de présence d’une souche ESB. “Ce cas a été identifié par des scientifiques français et analysé dans le cadre du plan communautaire annuel de surveillance des EST (encéphalopathies spongiformes transmissibles) chez les moutons et les chèvres”, indique le ministère de l’Agriculture, fin janvier 2005, dans un document destiné à faire le point sur la présence d’ESB chez cette chèvre, révélée le 28 octobre 2004 par la Commission européenne. “Ces scientifiques estiment que rien ne permet de distinguer l’agent identifié chez cet animal de l’agent de l’ESB. Leurs homologues européens qui se sont penchés sur la question sont arrivés à la même conclusion.”Mais pourquoi un tel délai entre la date de l’abattage (2002) et la publication des résultats ? Tout est lié à la période indispensable pour effectuer les examens nécessitant des inoculations chez la souris et des périodes d’incubation avant d’obtenir des résultats.

 

Tremblante et ESB

La tremblante et l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) sont des maladies dégénératives du système nerveux central appartenant au groupe des encéphalopathies spongiformes transmissibles (EST) qui sont causées par des agents infectieux nommés prions et qui peuvent se transmettre aux animaux d’élevage par des farines contaminées. L’ESB est une EST des bovins transmissible à l’homme. La tremblante est également une EST. Elle atteint les chèvres et les moutons, mais elle n’est pas transmissible à l’homme. La réglementation en vigueur assure un haut niveau de protection vis-à-vis du risque de transmission de l’ESB à l’homme. À titre de précaution, cette réglementation prévoit également un certain nombre de mesures pour lutter contre la tremblante, car on sait que l’ESB peut être transmise expérimentalement aux chèvres et aux moutons sans qu’il soit possible par la suite de la distinguer facilement de la tremblante, notamment au niveau des signes cliniques.

Source : ministère de l’Agriculture. Pour en savoir plus sur l’ESB : www.agriculture.gouv.fr/esbinfo/esbinfo.htm

 

 Pas de crainte pour le lait

Jeanne Brugère-Picoux, professeur de pathologie du bétail à l’école nationale vétérinaire de Maisons-Alfort et grande spécialiste de l’ESB, a fait un point de la situation lors d’une intervention à l’académie de médecine le 8 février 2005. “Cette découverte a amené l’agence européenne de sécurité alimentaire (European Food Safety Authority ou Efsa) à rappeler que, depuis 1996, en raison de l’hypothèse d’une souche ESB chez les petits ruminants, des mesures avaient été prises à l’abattoir pour tous les abats à risques dans ces espèces entrant dans la chaîne alimentaire”, précise-t-elle, ajoutant qu’aucune recommandation particulière n’est justifiée pour les laits ou les fromages de chèvre. Bien que le lait n’ait jamais été considéré comme étant contaminant, il est interdit de consommer tout produit lacté provenant de ruminants atteints d’ESST (encéphalopathie spongiforme transmissible subaiguë).

 Attention au mouton

De son côté, la Commission européenne a demandé à l’Autorité européenne de sécurité des aliments de procéder à une évaluation quantitative des risques pour la viande de caprins et les produits à base de viande de caprins qui devrait être disponible en juillet 2005. “On peut s’étonner que la Commission se limite à la recherche de la tremblante caprine si l’on se rappelle la découverte publiée en 2001 observant en France la similarité entre une souche de tremblante ovine et celle d’une MCJ (maladie de Creutzfeldt-Jakob) sporadique (MCJsp)”, ajoute Jeanne Brugère-Picoux. Elle souligne la mise en évidence de cas atypiques de tremblante ovine où la sélection génétique n’est pas d’une efficacité absolue et les moyens classiques de diagnostic parfois insuffisants. “Face à ces situations, il importe d’être aussi attentif au problème de la tremblante du mouton qu’à celui de la tremblante caprine en favorisant une surveillance active avec l’emploi des tests sur les petits ruminants.” Ceci permettrait de limiter une éradication drastique de tous les animaux dans les troupeaux atteints comme ce fut le cas au début de l’ESB. L’actualité donne raison à Jeanne Brugère-Picoux : l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire de Belgique vient de révéler un premier cas d’EST chez une brebis de la province de Liège. En matière d’ESB, la presse se fait régulièrement l’écho de nouveaux cas en Amérique du Nord et en Europe. Les commentateurs soulignent que les contaminations remontent avant les mesures drastiques de prévention. Selon les propos du professeur Marc Eloit, président du comité des spécialistes des maladies à prions de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), et repris dans Le Monde en date du 1er mars “Contrairement à celle qui table sur une pérennisation de l’ESB, l’hypothèse de son éradication est, de l’avis général, la plus probable”.

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