Emballages alimentaires fabriqués à partir de déchets agricoles

3 mai 2017 - La rédaction 
Le plastique est très présent dans les emballages. Ce produit, le plus souvent issu de ressources fossiles, est au cœur de l'innovation en termes de recyclage. Des chercheurs français ont réussi à créer un nouveau type d'emballage biosourcé et biodégradable à la fois.

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Nathalie Gontard, directrice de recherche à l’Inra

En France, le plastique représente près de 33 % des emballages. Problème : il est souvent issu de ressources non renouvelables comme le pétrole. De récentes innovations permettent de produire du plastique à partir d’amidon, mais elles posent le problème de la compétition des usages alimentaires et non-alimentaires des terres agricoles, bien que ce plastique soit un débouché non-alimentaire marginal pour l’agriculture. Des chercheurs de l’Ingénierie des agro-polymères et technologies émergentes (Iate) ont cherché une alternative.

À l’aide de financements européens, ils sont parvenus à créer un nouveau type d’emballage, fabriqué à partir de déchets liquides des industries laitières et de fibres provenant du broyage de paille de blé. La barquette qui en résulte est biodégradable et adaptée à l’emballage alimentaire, qui représente plus de 75 % du plastique produit. Elle est actuellement en phase de test de production et de commercialisation.

Qu’est ce qu’un bio-emballage ?

Les termes récents de « bioplastique » ou « éco-emballages » peuvent être difficiles à définir précisément. Nathalie Gontard, directrice de recherche à l’Insitut national de recherche agronomique (Inra) et membre de l’équipe qui a mis au point le nouvel emballage, éclaire ces notions. « Il faut différencier la provenance de l’emballage et sa fin de vie. S’il provient de matières premières renouvelables, il est biosourcé. S’il peut se dégrader naturellement sans porter atteinte à l’environnement, il est biodégradable.
La définition d’un bioplastique n’est pas arrêtée à ce jour : il peut s’agir d’un plastique soit biodégradable, soit biosourcé, soit les deux à la fois », explique-t-elle.

Le jeu des normes et des définitions
Nathalie Gontard précise qu’il faut toutefois porter un regard critique sur ces définitions. La norme de biodégradabilité, par exemple, est définie en condition industrielle, c’est-à-dire que la dégradation se fait quand le déchet est chauffé à une certaine température et dans des conditions qu’on ne trouve pas dans la nature. « De nombreux produits sont biodégradables selon la norme, mais si on les jette dans la nature, ils ne se dégraderont guère mieux que les autres », précise-t-elle.

Autre exemple : la norme pour l’appellation biosourcé. Le produit doit être constitué d’au moins 30 % de matières premières renouvelables. Un produit dit biosourcé peut ainsi être fabriqué majoritairement avec des matériaux fossiles.

« Notre emballage est totalement biosourcé, mais sans utiliser de ressources à usages alimentaires, et il est biodégradable en condition domestiques, même dans les composteurs des particuliers. Pour nous c’était très important, nous avons essayé de faire un emballage qui soit vraiment adapté aux besoins éthiques de l’alimentaire et de l’environnement. C’est un éco-emballage, c’est-à-dire un emballage qui réduit son impact environnemental et sociétal à chaque stade du cycle de vie : production, utilisation, fin de vie », conclut Nathalie Gontard.

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