Loi Égalim, Nutella et Coca vendus plus chers, quels effets pour les agriculteurs français ?

1 février 2019 - Eloi Pailloux 
Le montant, sur certaines étiquettes, va changer à partir du 1er février, loi Égalim oblige. Augmenter le prix des produits de grandes marques peut-il profiter aux agriculteurs français ? Explications.

C’est aujourd’hui, vendredi 1er février, que se concrétise l’une des mesures de la loi Égalim. La « majoration de 10 % du seuil de revente à perte » est donc applicable. Derrière cette formule opaque, une traduction est généralement relayée : le Coca, le Nutella et le Ricard vont être plus cher. Suivie d’une question : en quoi cela profitera-t-il aux agriculteurs français ?

À vos marges… prêts ? Partez !

La loi tente un coup en plusieurs bandes. Le Coca et le Nutella sont des « produits d’appel ». Autrement dit, des articles très demandés. Un supermarché ne peut pas se permettre de ne pas les référencer, sous peine de voir des clients bouder ses rayons. Et il doit, pour la même raison, les proposer à un prix accessible. Résultat, ce type de produit indispensable au distributeur est souvent vendu sans marge, et parfois même à perte. En clair, le supermarché vend 0,80 € une bouteille de Coca qu’il achète 1 €.

 

Le gérant de supermarché a réussi à faire venir le client grâce à des produits d’appels peu chers. Reste à trouver un moyen de compenser le manque à gagner sur ces produits. Comment ? En augmentant sa marge sur d’autres articles, issus de filières plus « petites », moins puissantes… face auxquelles il peut plus aisément faire jouer la concurrence pour négocier des prix d’achat faibles, facilitant la construction d’une marge plus importante. Schématiquement, le supermarché vend à perte le Ricard, mais marge largement sur les carottes et les tomates.

Diminuer la pression sur les produits agricoles

Le calcul fait par le législateur est le suivant : en obligeant le supermarché à gagner de l’argent sur les produits d’appel, en le vendant au moins 10 % plus cher que ce qu’il l’achète, l’idée est de diminuer la pression sur les autres produits. Le distributeur rentabilise le Coca et le Ricard, il n’a plus à négocier des prix réduits avec son grossiste pour les fruits et légumes. Il peut réduire sa marge, donc les payer plus cher, au profit du grossiste et de ses fournisseurs : les agriculteurs.

L’objectif est clair, mais la mesure pose un cadre trop « large » pour assurer que ses effets seront bien ceux escomptés. De nombreux spécialistes soulignent que la bonne volonté de la grande distribution reste indispensable pour que le mécanisme aboutisse aux effets voulus.

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