Semaine chargée pour le glyphosate

17 janvier 2019 - Eloi Pailloux 
Le début d'année 2019 est rythmé par une actualité dense autour du glyphosate. Tour à tour, la justice, les politiques et les médias s'emparent de la polémique sur cette molécule herbicide.

Le glyphosate est un habitué des premières pages. La molécule aura toutefois connu peu de période aussi chargée. C’est le tribunal administratif de Lyon qui a ouvert le bal, le 15 janvier, en interdisant la distribution et l’utilisation du Roundup Pro 360, herbicide à base de glyphosate. Le Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique (Criigen) est à la base de cette décision, via un recours, datant du 27 avril 2017.

Une logique applicable à tous les produits à base de glyphosate

Selon le tribunal, le Roundup Pro 360 n’aurait pas dû recevoir d’autorisation de mise sur le marché (AMM), compte tenu du fait que le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) a classé le glyphosate comme cancérogène probable, et que la substance active est suspectée d’être toxique pour la reproduction humaine. En délivrant une AMM, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) aurait ainsi « commis une erreur d’appréciation au regard du principe de précaution défini par l’article 5 de la Charte de l’environnement ».

Le préfet Bisch, coordinateur interministériel en charge du plan de sortie du glyphosate.

Si la décision ne concerne que le Roundup Pro 360, c’est toute la gamme d’herbicides à base de glyphosate qui pourrait être concernée à l’avenir, ce raisonnement étant parfaitement duplicable à tout produit contenant la molécule. Le Criigen s’est d’ores et déjà exprimé en faveur d’un élargissement de l’interdiction à toute la gamme concernée. De son côté, l’Anses « conteste toute erreur d’appréciation dans l’application de la réglementation nationale et européenne » et étudie la suite à donner à ce dossier juridique.

La mission parlementaire « glyphosate » en ordre de marche

Niveau politique, la mission parlementaire dédiée « à la sortie du glyphosate » présentait à la presse un premier bilan de son action le 17 janvier. Lancée en septembre 2018, afin de baliser une trajectoire vers le « sans glyphosate » pour l’agriculture française, sans passer par la loi, la mission auditionnait le jour même Pierre-Étienne Bisch, désigné par le gouvernement comme coordinateur du Plan de sortie du glyphosate. Aucune décision n’est prise à ce stade : l’heure est à l’écoute et la consultation, 2020 restant l’échéance visée.

La start-up d’État glyphosate ne séduit pas

Un premier « livrable » devrait toutefois être disponible « dans les jours qui viennent », selon le président de la mission parlementaire Julien Dive : il s’agit d’un centre de ressource « web » recensant de manière très technique les pratiques alternatives au glyphosate. Un outil « concret », sur lequel la mission parlementaire mise beaucoup. Toujours plus que sur la « start-up d’État » lancée par l’Élysée en novembre, sous la forme d’un site. Julien Dive et d’autres membre de la mission ont reconnu, à ce sujet, une action « maladroite », « hâtive » et « probablement à revoir sur la forme ». Seuls dix agriculteurs se sont inscrits sur ce site, comme étant « sortis du glyphosate ».

La semaine du glyphosate n’est pas finie : ce jeudi 17 janvier, France 2 programme une édition d’Envoyé spécial centrée sur la molécule. Avant même sa diffusion, l’actualité s’est chargée d’en assurer le teasing…

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