Un coup de balai sur l’exploitation

20 janvier 2005 - La rédaction 
Raisonner son activité agricole passe aussi par une gestion efficace des déchets liés à l’exploitation. Emmanuel Dalle, arboriculteur près d’Arras (62), a décidé de faire de son verger un lieu sûr et où il fait bon vivre.

Sur l’exploitation d’Emmanuel Dalle, sécurité rime avec propreté. Situé à une vingtaine de kilomètres d’Arras, le château de Saulty, qui possède par ailleurs une activité de chambre d’hôtes, fait côtoyer les lieux de travail avec les lieux de vie. Depuis les années 50, la production s’est considérablement étendue et couvre maintenant 16 hectares, avec une production de pommes et de poires, mais également de céréales. “Avec l’augmentation de la production arboricole et l’extension des méthodes de travail, le nombre de déchets a évolué en conséquence.” Devant ce constat, Emmanuel Dalle a voulu adopter des solutions efficaces pour préserver son patrimoine, son environnement et la qualité de ses fruits.

Cuve de rinçage des bidons : les bidons, après avoir été nettoyés, sont rincés à l’eau claire dans cette cuve de préparation des produits.

Une priorité : les déchets phytosanitaires

Lorsque la problématique des déchets agricoles est abordée, le traitement des produits phytosanitaires est particulièrement mis en avant. Pour des raisons essentielles de sécurité, la gestion de ces produits tient une place importante dans le référentiel de l’agriculture raisonnée. Emmanuel Dalle essaie de pallier dès le départ, en privilégiant les produits les moins polluants et en préparant un plan de traitement le plus précis possible pour éviter de cumuler des produits phytos non utilisés. “J’évite les conditionnements trop polluants. Pour le traitement du verger, je me limite aux produits sous forme liquide ou de granulat. Les emballages des formulations en poudre sont plus difficiles à utiliser.” Dans un coin du local phytosanitaire, la cuve de préparation des produits est disponible à tout moment. En effet, les emballages vides de produits phytosanitaires (EVPP), doivent être convenablement nettoyés avant d’être stockés pour la collecte. Après avoir été vidés, les bidons sont rincés dans la cuve mélangeuse, sous un jet d’eau clair pendant 30 secondes au minimum. “La bouillie récupérée dans la cuve est ensuite injectée dans le pulvérisateur. Cette méthode nous permet d’utiliser le produit jusqu’à la dernière goutte et de faire ainsi des économies, en préservant l’environnement”, précise Emmanuel Dalle. Les emballages sont ensuite égouttés dans un lieu spécifique, puis rangés dans des sacs de 100 litres (bouchons mis à part) en attendant la collecte. “Je participe à toutes les collectes organisées par la société Adivalor, qui s’occupe du traitement des déchets. Cette action est relayée par les coopératives agricoles de la région, donc je dépose mes emballages vides et mes produits non utilisés, à la coopérative Unéal à Arras.” Ces collectes ont généralement lieu aux mois de mai et de novembre. Si les produits phytosanitaires sont une préoccupation constante, due à leur caractère particulièrement dangereux, l’activité agricole génère d’autres déchets qui doivent être pris en compte.

Les autres déchets de l’exploitation

Les vergers de Saulty disposent également d’une activité de conditionnement des fruits. Emmanuel Dalle a pris cela en compte très tôt en s’assurant le concours d’une société de déchets d’Arras qui traite la plupart des plastiques, cartons ou fruits trop abîmés pour être donnés à une association caritative. “Je loue des bennes que nous remplissons au fur et à mesure. Lorsqu’elles sont pleines, la déchetterie assure leur évacuation.” Sur une exploitation qui vise à développer encore son activité, la gestion des déchets permet d’en faire un lieu où il fait bon travailler, en préservant avant tout la durabilité de l’outil de travail.

Exigences nationales du référentiel

Gestion des déchets de l’exploitation

1. Ne pas abandonner de déchets, plastiques et autres, dans le milieu naturel, ne pas les enfouir, ni les brûler.

2. Trier les déchets, les nettoyer si nécessaire et les stocker dans un ou plusieurs lieux dédiés à cet effet sur l’exploitation en attendant leur élimination.

3. À compter de la qualification, apporter les déchets banals dans une déchetterie ou dans d’autres lieux de collecte habilités à les recevoir suivant la nature des déchets ou profiter des collectes spécifiques ; sinon les éliminer par la voie des ordures ménagères sous réserve de l’accord de la collectivité. Conserver les justificatifs (bons d’enlèvement, bordereaux de livraison des déchets ou autre justificatif ; le cas échéant, accord de la collectivité).

4. En attendant leur élimination,

– conserver les produits phytosanitaires non utilisables ou périmés dans leur emballage d’origine, en les séparant des produits utilisables dans une armoire ou un local de stockage des produits phytosanitaires ;

– conserver les déchets souillés par des produits phytosanitaires dans un endroit abrité en limitant les risques pour les personnes et l’environnement, ou, lorsqu’il existe, dans le local de stockage des produits phytosanitaires ;

– stocker les emballages phytosanitaires vides et rincés dans un endroit abrité en limitant les risques pour les personnes et l’environnement.

5. Participer aux opérations de collectes spécifiques des déchets spéciaux dits “générateurs de nuisance” et aux filières pérennes de valorisation mises en place.

Bien recycler les huiles

Les huiles usagées liées à l’utilisation des machines agricoles sont également un facteur de pollution important. Il est nécessaire d’adopter une procédure rigoureuse afin de préserver la propreté de l’exploitation. Emmanuel Dalle utilise deux tracteurs pour ses travaux dans le verger, ce qui l’oblige à effectuer des vidanges huit fois par an. “Notre consommation d’huile n’est pas très importante sur notre exploitation. En tout et pour tout, nous devons récupérer près de 30 litres d’huile par an, ce qui est relativement peu”. Trois fûts sont destinés à recevoir les huiles de vidange, eux-mêmes placés dans une cuve en béton d’une capacité de 2 000 litres, et ouverte sur le dessus “Cette installation est une sécurité pour éviter toute pollution si les bidons se renversent”, précise Emmanuel Dalle. Un bouchon est situé dans le bas de la cuve en béton pour purger si de l’huile est répandue dans le fond par accident. “Lorsque les fûts sont pleins, une société de recyclage spécialisée dans ce type de déchets, passe sur l’exploitation et s’occupe de l’élimination.” Les filtres récupérés lors de la vidange subissent le même traitement. Ils sont stockés dans une caisse, elle-même placée dans la cuve en béton. Cependant, lorsque la caisse est pleine, elle est récupérée par une déchetterie présente sur la commune. “En règle générale, je demande au fournisseur quels sont les moyens pour se débarrasser des produits que je lui achète. Les réseaux d’élimination sont déjà bien en place, il suffit de se renseigner pour connaître la marche à suivre.”

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