Une brebis sur mesure pour faire revivre le Causse du Larzac

1 février 2005 - La rédaction 
Le pâturage peut être un moyen de conserver la biodiversité des milieux naturels... s’il est bien géré. C’est ce qu’ont réussi les chercheurs de l’INRA1 sur les 280 hectares de parcours du domaine de la Fage, situés à 800 m d’altitude sur le Causse du Larzac. Ce milieu de landes arbustives était en déprise, du fait de l’abandon progressif des pratiques de transhumance. N’étant plus pâturé, le milieu est envahi par des arbustes et se «ferme», entraînant la disparition des autres espèces végétales. Depuis une trentaine d’années, l’INRA développe un système d’élevage ovin qui maintient durablement le milieu ouvert, favorisant ainsi la diversité floristique. Une parcelle-témoin non pâturée permet de suivre objectivement ces évolutions. La richesse en espèces végétales est maintenue, avec quelque 350 espèces recensées, dont des espèces peu fréquentes comme la Fritillaire des Pyrénées ou des familles protégées comme les Orchidées.

Plein-air intégral

Réussir un tel élevage en milieu difficile implique de doser l’effectif des animaux et les saisons de pâturages. Ici, l’effectif est relativement élevé pour un système extensif, avec plus d’une brebis par ha. Les 280 ha du parcours sont divisés en parcs de 10 à 25 ha, sur lesquels tournent les brebis, à un rythme déterminé en fonction des ressources végétales et des besoins des animaux. Ce savoir-faire résulte autant des études menées par les chercheurs que de l’expérience de l’équipe d’éleveurs du domaine INRA.

Les brebis sont nourries à 65%
par le pâturage du causse.

L’originalité est d’oser le plein-air intégral : les brebis sont dehors été comme hiver et les agnelages se font aussi dehors. Les brebis trouvent des abris sous les arbres et arbustes, qui les protègent du soleil et des intempéries. Elles sont nourries à 65% par le pâturage et ne nécessitent un complément qu’en hiver, sous forme de foin et d’aliments concentrés conditionnés en gros granulés distribués à même le sol. Des aménagements complètent le dispositif. Une vingtaine d’hectares du parcours sont modérément fertilisés (environ 60 unités par ha d’azote minéral), ce qui permet d’obtenir de l’herbe avec 3 semaines d’avance au printemps pour faire face aux besoins accrus des brebis allaitant leurs agneaux. Quant aux compléments fourragés, ils proviennent de 20 ha de terres cultivées à proximité du parcours.

Une brebis robuste

Cet élevage bénéficie des qualités de robustesse des brebis de la race INRA 401. Cette race sélectionnée par l’INRA réunit les qualités génétiques des deux races parentales (Romanov et Berrichon du Cher) : prolificité, valeur laitière, toison protectrice et valeur bouchère. Le fait que ces brebis maintiennent leur prolificité (en moyenne 1.5 agneaux sevrés sous la mère) malgré les conditions de contraintes rencontrées sur le Causse du Larzac, rend cet élevage, destiné à produire des agneaux de viande, économiquement intéressant.

Les brebis ont des qualités comportementales adaptées
à l’élevage extensif sur le causse.

Ces conditions de contraintes intéressent les généticiens et les physiologistes car elles permettent d’explorer le potentiel génétique de la race : l’adaptation au froid par la composition de la toison, mais aussi l’adaptation comportementale au travers de l’aptitude maternelle, de la grégarité et de la réactivité à l’homme. En effet, les observations et les études en comportement animal qui sont menées sur parcours montrent à quel point ces caractères comportementaux participent activement au développement d’une autonomie des animaux, autonomie essentielle dans ce type de système extensif. Le domaine reçoit la visite de nombreux éleveurs, qui s’inspirent de ce système d’élevage viable et même rentable, avec un minimum d’intrants et de matériel. Cet élevage est d’autant plus intéressant qu’il permet de gérer le milieu dans la durée en préservant sa biodiversité.

Laisser un commentaire

Recevoir la newsletter

Restez informé en vous abonnant gratuitement à la newsletter