Le sujet « pesticides et biodiversité » mérite plus de deux minutes d’antenne

19 janvier 2018 - La rédaction 

Une minute et 20 secondes pour évoquer le lien entre pratiques agricoles et biodiversité dans les campagnes, c’est court. Un défi qu’a tenté de relever la matinale de France Inter, le 17 janvier 2018, dans son journal de 7h30. Moins de deux minutes, donc, pour revenir sur une étude du Muséum national d’histoire naturel (MNHN) publiée dans la revue scientifique Agriculture, Ecosystems & Environment.

Les punchlines choisies par les journalistes sont limpides. « L’alouette plumée par les pesticides. » « Parmi les premières causes [de la réduction de la biodiversité à la campagne] : l’agriculture intensive et les produits chimiques. » L’analyse l’est un peu moins… Les citations du professeur du MNHN retenues pour le reportage n’ont guère de portée pédagogique. N’est conservé que son cri d’alarme : « On est en train de vider les campagnes […] c’est effrayant. »

Une expérimentation dont seule la conclusion est simple

Quant aux expérimentations mises en place dans le cadre de l’étude, elles sont développées au pas de course. Pas évident d’en cerner les enjeux. Deux types de pratiques sont comparées : « conventionnel » et « sans labour ». Dans ce dernier cas, la perte des bénéfices du labour, qui permet de réduire la quantité de mauvaises herbes, peuvent être compensés de deux manières : grâce à un herbicide type Round-up, ou en s’appuyant sur le « semis sous couvert », pratique appliquée en bio. On en saura pas plus sur cette technique, les contraintes et rendements de chaque modalité expérimentée : déjà, la conclusion tombe. Facile à retenir : six fois plus de merles en bio qu’en conventionnel. Personne ne nie cette conclusion, sans aucun doute robuste scientifiquement. Simplement, les mécanismes qui y aboutissent auraient mérité plus de détails. La complexité du travail des agriculteurs réside précisément dans ces détails.

Les choses bougent !

Le reportage, enfin, donne une impression d’immobilisme (« Une hécatombe, depuis 35 ans »), et utilise des formules généralisantes (« Les animaux de nos campagnes souffrent des pratiques des agriculteurs »). Des formules qui ne rendent pas justice au travail des agriculteurs, de plus en plus nombreux, qui s’efforcent de changer leurs pratiques dans le bon sens. Au-delà de l’essor du bio, plusieurs démarches emblématiques et collectives, telles qu’Agrifaune ou CRC, les actions menées avec des associations comme Hommes et territoires ou des ONG telles que la Ligue pour la protection des oiseaux (et il y en a bien d’autres !), symbolisent une évolution plus globale du secteur. Qui mériterait bien une ou deux minutes d’antenne…

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