Les étapes de la certification de la coopérative Centraliment

20 novembre 2004 - La rédaction 
Installée dans un département, le Cantal, qui se caractérise par une forte présence de filières de qualité, la coopérative Centraliment s’est très tôt engagée sur la composition de ses aliments et les contrôles qualité. Une initiative amorcée dès la première crise de l’ESB. Son adhésion à la démarche Nutri Confiance est une étape supplémentaire.

Pour David Puech responsable qualité (à gauche) et Jean-Luc Doneys directeur alimentation animale de Centre Lait, la démarche Nutri Confiance rassemble tous les efforts engagés depuis 1996 en matière de qualité, traçabilité des aliments pour animaux.

Le 8 octobre 2004, à l’occasion du Sommet de l’élevage de Clermont-Ferrand, la firme de services CCPA (1) a remis officiellement le diplôme Nutri Confiance à Centraliment, branche alimentation animale de la coopérative Centre Lait. Cet agrément lui avait été délivré par Bureau Veritas deux mois plus tôt. “La démarche Nutri Confiance garantit les valeurs zootechniques et la composition des aliments pour ruminants durant toute leur vie, de la formulation à l’auge, en passant par la fabrication et le travail des techniciens sur le terrain”, définit David Puech, responsable qualité de Centre Lait.

“C’est une étape supplémentaire dans l’histoire écrite depuis 1996”, résume Jean-Luc Doneys, directeur alimentation animale de Centre Lait. Cette histoire a débuté dès la première crise ESB, par la signature par les professionnels des filières d’élevage de la “Charte qualité élevage Cantal”. Dans ce document, les fabricants d’aliments se sont engagés à n’utiliser que des matières premières végétales et minérales dans tous leurs sites de fabrication. “Nous étions en avance sur les mesures nationales”, souligne Jean-Luc Doneys. Depuis, Centraliment a pris de nouveaux engagements. C’est ainsi qu’en 2000-2001, il a fait apparaître la liste des matières premières sur ses étiquettes et s’est engagé à ne fournir que des tourteaux de soja certifiés issus de filières non OGM (un test PCR négatif à 0,9 %).

Des procédures adaptées au métier de fabricant d’aliments

Centraliment s’engage également à assurer une “traçabilité parfaite des cycles de fabrication des aliments en conservant plusieurs années un bilan récapitulatif de tous les lots fabriqués.” “En même temps, nous n’avons cessé de perfectionner les démarches qualité. En 2000, nous avons embauché un responsable qualité”, poursuit Jean-Luc Doneys qui note : “L’agrément par la DSV de nos deux usines d’Aurillac (Cantal) et de Blesle (Haute-Loire), qui fabriquent chaque année 120 000 tonnes d’aliments, a fait progresser la production en termes de sécurité, de qualité, de traçabilité, de traitement des risques de contaminations croisées.”

Les points forts de la démarche Nutri Confiance

La démarche Nutri Confiance s’applique aux aliments destinés aux ruminants (bovins, ovins et caprins) conçus selon les techniques CCPA et fabriqués par ses partenaires. Ses concepteurs mettent en avant huit points forts. Les deux premiers concernent les valeurs nutritionnelles utilisées (dans le cadre des systèmes Inra) qui sont soumises aux procédures d’assurance qualité. La formulation contrôlée avec traçabilité des matières premières et des formules constitue le troisième point. Viennent ensuite la transparence sur l’aliment avec étiquetage par ingrédient et information de l’éleveur en temps réel. Sixième point : des logiciels de rationnement rigoureusement mis à jour et contrôlés. Les deux derniers points concernant les contrôles : le système d’assurance qualité est assuré par un organisme indépendant et ces contrôles sont unifiés et harmonisés partout en France. Centraliment est la sixième coopérative à obtenir l’attestation Nutri Confiance.

La démarche Nutri Confiance est en quelque sorte la synthèse de tout ceci. Chaque étape étant contrôlée par un organisme extérieur, Bureau Veritas, qui en a défini le cahier des charges avec CCPA. “Nous avons préféré cette démarche à une certification Iso car elle a vraiment été faite par et pour notre métier. Les procédures sont adaptées à celui-ci”, insiste David Puech. Dix-huit mois, de fin 2002 à juin 2004, ont été nécessaires pour la mise en conformité des outils et des procédures de Centraliment avec le cahier des charges Nutri Confiance. Le gros du travail a porté sur la modification des systèmes informatiques et sur l’installation d’un étiquetage automatique dans chaque usine. En effet, la démarche Nutri Confiance prévoit que pour chaque produit fini une étiquette engage le fournisseur sur les valeurs nutritionnelles des aliments (UF et BDI) et sur des matières premières garanties. “Et ce en temps réel : à tout moment, les informations présentes sur l’étiquette doivent être parfaitement à jour avec le produit. Quand nous modifions une formule, toute la chaîne informatique se met à jour instantanément jusqu’à l’étiquetage”, démontre David Puech. Un “investissement humain” a été nécessaire pour la formalisation des procédures à chaque étape. Des analyses ont été mises en place pour mesurer la valeur nutritionnelle des matières premières livrées et sélectionner les fournisseurs. “Bureau Veritas vient vérifier que les plans d’analyses sont suffisamment conséquents pour signifier quelque chose et que les résultats sont bien pris en compte dans la formulation”, précise David Puech. Autre exemple : la mise à jour régulière des documents remis aux producteurs pour présenter les aliments. “Nutri Confiance a été une démarche de progrès en interne”, constate Jean-Luc Doneys qui estime qu’une seconde étape doit être franchie : “La démarche Nutri Confiance redonne une image positive à nos produits. Nous devons maintenant valoriser ces engagements au niveau de l’aval”.

Une certification mobilisatrice pour les éleveurs

Cela passe par l’information des éleveurs sur cette démarche et ses conséquences. D’ores et déjà, un petit document remis au moment de la livraison donne quelques mots clés de Nutri Confiance et les invite à se renseigner par téléphone ou auprès du technicien. “Quand le consommateur a des exigences, cela arrive au bout de la chaîne, à l’éleveur. Déjà l’étiquetage nous a rassuré : nous avions confiance dans la maison mais c’est maintenant prouvé. Nutri Confiance est un plus. Cela pourrait inciter des éleveurs à venir”, note Joël Estival, éleveur laitier à Faverolles (Cantal) dont la compagne, Sylvie Claveyroles, a récemment créé une exploitation pour l’élevage de porcs dans le cadre d’une filière de qualité mise en place par Centre Lait.

(1) CCPA est une firme services spécialisée dans la nutrition et la santé animales et dans les techniques d’élevages.

Au pays de l’élevage authentique

L’union de coopératives Centre Lait réalise un chiffre d’affaires d’environ 100 millions d’euros dans plusieurs métiers : collecte laitière et transformation dans les trois sites des Fromageries occitanes ; fabrication, par Centraliment, d’aliments dont la distribution est assurée par Centraliment et par le réseau privé Équation ; agro-fournitures ; mise en place d’une filière de production de porcs transformés par sa filiale Cantal Salaisons. Le slogan de Centre Lait – “Le choix de l’élevage authentique” – trouve sa source dans une particularité de son territoire d’intervention situé en grande partie en zone de montagne.

À l’instar des éleveurs de l’ensemble du Massif central, ses adhérents et clients sont nombreux à inscrire leurs activités dans des démarches de filières de qualité dont les cahiers des charges mettent en avant des traditions d’élevage (races et méthodes) et leur permettent de mieux valoriser leurs productions. Une grande partie du lait produit dans le Cantal – département où il y a bien plus de vaches que d’habitants ! – est utilisée pour la fabrication de fromages qui appartiennent aux cinq AOC auvergnates : cantal, salers, saint-nectaire, bleu d’auvergne et fourme d’ambert. Au cours de la dernière décennie, le groupe coopératif Éleveurs du pays vert a mis en place des filières de production et de finition de broutards avec ces cahiers des charges qui ont permis l’obtention soit de CCP (certificat de conformité produit) soit d’un Label rouge. “Centraliment s’est engagé depuis plusieurs années à soutenir et à accompagner le développement de ces filières dans le respect de l’environnement et de la qualité des produits”, affirme Jean-Luc Doneys. La multiplication des démarches de qualité l’amène à produire de petites séries. “C’est une contrainte particulière à cette région. Cette souplesse a un coût.”

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