Le septième colloque sur les biotechnologies végétales, organisé ce 17 octobre à Paris, se tient à mi-parcours des États généraux de l’alimentation. Alain Deshayes, président de l’Association française des biotechnologies végétales (AFBV), ne cache pas son désarroi sur le peu de place laissé à la science dans le discours du Président de la République à Rungis le 11 octobre. Et au delà, du blocage qui perdure sur les bénéfices que pourraient apporter les technologies vertes, comme celles d’édition de gènes.
« On a réduit la connaissance scientifique à une opinion »
« Ce serait comme s’interdire l’usage des technologies du numérique dans une société de plus en plus connectée. (…) On ne doit pas aujourd’hui traiter des questions agricoles et alimentaires sans considérer l’aspect scientifique et technique. » L’AFBV a adressé le 17 octobre une lettre au Premier Ministre pour lui demander de prendre en compte l’édition du génome dans les débats des États généraux de l’alimentation comme des outils mis a disposition de l’agriculture engagée dans l’agro-écologie.
Les citoyens doivent avoir à nouveau confiance en la science : « On a réduit la connaissance scientifique à une opinion. » Pour y parvenir, il estime que les bénéfices apportés par les biotechnologies végétales doivent être démontrés aux consommateurs : sécurité alimentaire corrélée à la hausse des rendements, lequel est lié au progrès génétique, adaptation des plantes au changement climatique, réduction des utilisations des pesticides grâce aux plantes résistantes ou tolérantes, qualité des fruits et légumes avec des résistances au pourrissement.
Répondre aux attentes de la société
« Les technologies d’édition du génome, qui font en France l’objet de polémique, permettent de s’affranchir du pas de temps que demandent les croisements génétiques et de répondre plus vite à la demande de la société », complète-t-il. Un blé qui ne provoquerait pas d’allergie au gluten pour ceux qui ne le tolèrent pas peut demain être proposé aux consommateurs sans avoir à extraire la protéine concernée. Pour Georges Freyssinet, consultant en biotechnologies et administrateur de l’AFBV, la question n’est plus au niveau de la recherche, mais de la commercialisation.
Pour aller plus loin
L'Europe doit statuer début 2018 sur la classification des technologies d'édition des gènes : transgénèse ou mutagénèse.